Présentation: differenze tra le versioni
Pagina svuotata Etichette: Svuotamento Modifica visuale: commutato |
Nessun oggetto della modifica |
||
(Una versione intermedia di uno stesso utente non è mostrata) | |||
Riga 1: | Riga 1: | ||
{{main menu fr | |||
|link to German= Hauptseite | |||
|link to Spanish= Pàgina Principal | |||
|link to French= Page d'accueil | |||
|link to Italian= Introduzione | |||
|link to English= Introduction | |||
}} | |||
<div class="chapter-content"> | |||
{{ArtBy|autore=Gianni Frisardi}} | |||
== '''Résumé''' == | |||
Le système masticatoire, qui comprend les dents, l'occlusion, les muscles, les articulations et le système nerveux central et périphérique, est de plus en plus compris comme un système complexe plutôt que comme un simple mécanisme biomécanique. Ce changement de perspective s'aligne avec les phases des changements de paradigme de Thomas Kuhn, où les anomalies dans les modèles traditionnels déclenchent la recherche de nouveaux paradigmes. Dans le contexte de Masticationpedia, une nouvelle approche interdisciplinaire de la diagnostic et du traitement de la malocclusion émerge, se concentrant sur les "Dysmorphismes Occlusaux" plutôt que sur les "Malocclusions". Les récents progrès des tests électrophysiologiques, tels que les potentiels évoqués moteurs et les réflexes mandibulaires, révèlent une symétrie fonctionnelle dans le système masticatoire, même chez les patients présentant des disparités occlusales. Cette découverte remet en question la compréhension traditionnelle de la malocclusion, suggérant que les dynamiques neuromusculaires jouent un rôle crucial dans le maintien de la fonction masticatoire. Par conséquent, des diagnostics interdisciplinaires qui prennent en compte à la fois les facteurs occlusaux et neuromusculaires sont nécessaires pour un diagnostic précis et un traitement efficace. | |||
Ce changement de paradigme a des implications pour les thérapies de réhabilitation actuelles, y compris l'orthodontie et les prothèses, qui se sont traditionnellement concentrées sur l'obtention de la stabilité occlusale. Cependant, considérer le système masticatoire comme un système complexe nécessite une approche intégrative qui incorpore à la fois des facteurs esthétiques et neurophysiologiques pour prévenir les récidives et obtenir une stabilité fonctionnelle à long terme. Le domaine émergent des traitements OrthoNeuroGnathodontiques illustre cette approche interdisciplinaire, offrant des stratégies innovantes pour aborder les troubles masticatoires. | |||
En regardant le système masticatoire à travers le prisme de la science de la complexité, le domaine de l'odontologie peut élargir sa compréhension de la stabilité et de la dysfonction occlusale, conduisant finalement à de nouveaux paradigmes de traitement qui améliorent les résultats pour les patients. Ce nouveau modèle ne remplace pas les traitements traditionnels, mais cherche à les enrichir avec une perspective interdisciplinaire plus large, en ligne avec l'évolution de la science de la réhabilitation masticatoire. | |||
<div class="mw-collapsible mw-collapsed" style="border: 2px solid #4a90e2; padding: 15px; background: #eef5ff; font-size: 95%; border-radius: 10px; box-shadow: 0 2px 6px rgba(0,0,0,0.1);"> | |||
<b style="font-size: 110%; color: #004080;">🚀 Appel à auteurs – <span style="color:#c43db7;">Libérez votre génie intellectuel !</span></b><br> | |||
<span style="color: #666;">(Cliquez pour découvrir les sujets suggérés pour publier sur <b>Masticationpedia</b>)</span> | |||
<div class="mw-collapsible-content" style="margin-top:10px; padding-top:10px;"> | |||
<p style="margin-bottom: 8px;">L'encyclopédie clinique dédiée à la <b>réhabilitation masticatoire</b> vous invite à proposer des articles sur les thèmes clés suivants pour rester fidèle à la 'Mission' philosophico-scientifique de Masticationpedia :</p> | |||
* système masticatoire | |||
* nouveau paradigme | |||
* dynamiques neuromusculaires | |||
* récidives | |||
* science de la complexité | |||
* Cas cliniques complexes | |||
👨⚕️ Si vous êtes un clinicien ou un chercheur visionnaire, commencez votre publication <b>[[For Authors|ici]]</b><br> | |||
</div> | |||
</div> | |||
==Ab ovo {{Tooltip|<sup>[1]</sup>|<ref><small>Latino per 'sin dall'inizio'</small></ref>|<small>Latino per 'sin dall'inizio'</small>|}}== | |||
Avant de nous plonger dans l'analyse de Masticationpedia, nous devons d'abord introduire quelques considérations préliminaires, en particulier concernant deux dimensions fondamentales—sociale et scientifique-clinique—qui caractérisent à la fois l'ère actuelle et celle immédiatement précédente. | |||
===Les phases du changement de paradigme selon Thomas Kuhn=== | |||
Au cours des cent dernières années, les innovations technologiques et méthodologiques {{Tooltip|<sup>[2]</sup>|<ref>{{cita libro|autore=Heft MW|autore2=Fox CH|autore3=Duncan RP|titolo=Assessing the Translation of Research and Innovation into Dental Practice|url=https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/31590599|anno=2019|opera=JDR Clin Trans Res|DOI=10.1177/2380084419879391}}</ref>|<small>🧪 Étude transversale analysant les innovations dentaires des 30 dernières années, identifiant celles qui, selon les dentistes praticiens, ont le plus influencé les soins aux patients. 🧬 Trente experts de l'Association Internationale pour la Recherche Dentaire ont sélectionné les innovations les plus pertinentes, puis soumises via questionnaire à des dentistes américains diplômés avant 1995 et cliniquement actifs plus de 50 % du temps. 🧩 Les innovations les plus citées étaient les matériaux adhésifs (74,5 %), les implants dentaires (71,9 %), le collage direct (71,2 %), les loupes (54,7 %), les précautions universelles pour le contrôle des infections (48,6 %) et l'imagerie numérique (46,0 %), avec des différences entre généralistes et spécialistes : les chirurgiens oraux et parodontistes (OMSPER) ont également privilégié la CBCT (74 %) et les techniques régénératives (68 %). Le consensus général concerne l'importance des implants, de l'imagerie, des loupes et des précautions universelles ; les généralistes valorisent les matériaux adhésifs et le collage, tandis que les spécialistes citent la CBCT et l'ingénierie tissulaire. 📌 L'étude conclut que les innovations ayant un impact clinique direct sont perçues comme les plus déterminantes, suggérant que la recherche future considère également l'efficacité des coûts et la perception des patients.</small>|}} ont augmenté de manière exponentielle, même en odontologie. Ces développements ont eu un impact significatif sur la prise de décision clinique, les écoles de pensée et les principes fondamentaux de la discipline, avec l'objectif explicite d'améliorer la qualité de vie. Un exemple emblématique est représenté par la vision proposée dans "La Science de l'Exposition au XXIe Siècle"{{Tooltip|<sup>[3]</sup>|<ref>{{cita libro | |||
| titolo = Exposure Science in the 21st Century. A Vision and a Strategy | |||
| url = https://www.ncbi.nlm.nih.gov/books/NBK206806/pdf/Bookshelf_NBK206806.pdf | |||
| editore = National Research Council, Division on Earth and Life Studies | |||
| anno = 2012 | |||
| ISBN = 0-309-26468-5 | |||
}}</ref>|<small>Le document Exposure Science in the 21st Century: A Vision and a Strategy (2012) de la National Academy of Sciences propose une vision renouvelée de la science de l'exposition, avec l'objectif de relever les défis émergents pour la santé humaine et environnementale. 🧠 Qu'est-ce que la science de l'exposition ? La science de l'exposition étudie le contact entre les humains ou d'autres organismes et les agents environnementaux (chimiques, physiques ou biologiques), en analysant la durée, l'intensité et les effets de ces expositions. Cette discipline est fondamentale pour comprendre comment les stress environnementaux influencent la santé et pour développer des stratégies de prévention et de mitigation. 🌐 La vision proposée : l'« éco-exposome » Le concept d'« éco-exposome » étend la science de l'exposition du point de contact entre le stress et le récepteur à l'intérieur de l'organisme et à l'environnement environnant, y compris l'écosphère. 🔬 '''Innovations technologiques et collaborations stratégiques''': Le document met en évidence les progrès technologiques, tels que les capteurs environnementaux avancés, les méthodes analytiques, les technologies moléculaires et les outils informatiques, qui offrent de nouvelles opportunités pour recueillir des données plus précises et complètes sur les expositions. 🛠️ Mise en œuvre de la vision : Pour réaliser cette vision, il est nécessaire de : Développer des méthodes standardisées et non ciblées pour recueillir des informations sur les expositions. 🎯 Objectifs à long terme : L'objectif final est d'utiliser la science de l'exposition pour : Évaluer et atténuer rapidement les expositions aux menaces émergentes. 📌 En résumé, le document propose une transformation de la science de l'exposition, passant d'une approche focalisée sur des stress individuels à une vision intégrée et holistique, pour relever les défis environnementaux et sanitaires du XXIe siècle.</small>}} | |||
Cependant, cette croissance accélérée n'est pas sans effets secondaires conceptuels. Certains de ces effets peuvent sembler ambigus, voire contraires au progrès apparent, et génèrent des paradoxes cliniques et scientifiques.{{Tooltip|<sup>[4]</sup>|<ref>{{cita libro | |||
| autore = Liu L | |||
| autore2 = Li Y | |||
| titolo = The unexpected side effects and safety of therapeutic monoclonal antibodies | |||
| url = https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/24524104 | |||
| anno = 2014 | |||
| opera = Drugs Today | |||
| città = Barcelone | |||
| DOI = 10.1358/dot.2014.50.1.2076506 | |||
}}</ref>|<small>Les anticorps monoclonaux (MAbs) ont inauguré une nouvelle ère de thérapies ciblées, en particulier dans les domaines de l'immunothérapie et de l'oncologie. Les MAbs ont été développés à partir d'anticorps murins jusqu'à des anticorps entièrement humains, avec des améliorations significatives en termes d'immunogénicité et de sécurité. Cependant, la sécurité de ces agents fait l'objet d'une attention particulière, avec des rapports d'effets secondaires associés à leur utilisation. Ces effets secondaires ont ébranlé la confiance de nombreux chercheurs envers les MAbs. 🧠 Cette revue résume de manière exhaustive les effets secondaires des MAbs en usage clinique, mettant en évidence la prévention et la gestion des réactions indésirables. Bien que de nombreux MAbs soient bien tolérés, et malgré le développement continu de nouveaux MAbs, il est difficile de garantir que chaque nouvelle formulation soit complètement sûre. L'utilisation clinique des MAbs devra faire face à des défis de plus en plus importants à l'avenir. Les médecins devraient être vigilants face aux effets secondaires potentiellement mortels et les traiter dès que possible.</small>|}} | |||
Ces ambiguïtés, au lieu d'affaiblir l'ensemble de l'édifice épistémologique, sont le symptôme d'un système mature, capable de reconnaître ses propres limites et de chercher une évolution de paradigme, comme décrit par Thomas Kuhn dans sa célèbre théorie sur le développement de la science. | |||
====Les phases de Kuhn en Odontologie==== | |||
Thomas Kuhn identifie cinq phases distinctes dans l’évolution d’un paradigme scientifique. Dans Masticationpedia, nous nous concentrerons sur les trois plus pertinentes, qui s’adaptent le mieux à l’évolution de la science réhabilitative masticatoire. | |||
{| | |||
|- | |||
| <blockquote>'''Phase 2''' '''– Science Normale''':<br> | |||
Dans cette phase, les chercheurs opèrent à l’intérieur d’un paradigme accepté, cherchant à résoudre des problèmes spécifiques et à affiner le modèle dominant. Cependant, les premières "anomalies" émergent, c’est-à-dire des phénomènes qui ne s’adaptent pas pleinement à la théorie courante, générant un premier signal d’instabilité.</blockquote> | |||
|- | |||
| <blockquote>'''Phase 4 – Crise du Paradigme''':<br> | |||
Les anomalies augmentent jusqu’à compromettre la confiance dans le paradigme existant. C’est le moment de crise : les anciennes théories n’expliquent plus les nouvelles données. Dans cette phase, Masticationpedia se positionne de manière critique, proposant une révision des modèles occlusaux traditionnels, ouvrant la voie à la phase suivante.</blockquote> | |||
|- | |||
| <blockquote>'''Phase 5 – Révolution Scientifique''':<br> | |||
Le paradigme dominant est abandonné et un nouveau est adopté, pas nécessairement “plus vrai”, mais plus adapté à expliquer les phénomènes émergents. Dans Masticationpedia, cela se traduit par une nouvelle interprétation de la fonction masticatoire comme un système complexe neurophysiologique et non seulement biomécanique.</blockquote> | |||
|} | |||
==Épistémologie== | |||
<center> | |||
{| | |||
|- | |||
| align="right" width="250" |<small>''Le cygne noir symbolise l'un des problèmes historiques de l'épistémologie : si tous les cygnes que nous avons vus jusqu'à présent sont blancs, pouvons-nous décider que tous les cygnes sont blancs ?''</small> | |||
| align="center" |[[File:Black_Swan_(Cygnus_atratus)_RWD.jpg|175px|center]] | |||
|- | |||
| align="center" |[[File:Duck-Rabbit illusion.jpg|203px|center]] | |||
| width="250" |<small>''Kuhn a utilisé des illusions d'optique pour démontrer comment un changement de paradigme peut amener une personne à percevoir les mêmes informations de manière complètement différente.''</small> | |||
|} | |||
</center> | |||
'''Épistémologie''' (du grec ἐπιστήμη, epistēmē, “connaissance certaine” ou “science”, et λόγος, logos, “discours”) est la branche de la philosophie qui étudie les conditions nécessaires pour acquérir des connaissances scientifiques et les méthodes par lesquelles elles sont atteintes.{{Tooltip|<sup>[5]</sup>|<ref>Le terme a été inventé par le philosophe écossais [[Wpen:James Frederick Ferrier|James Frederick Ferrier]], dans son ''Institutes of Metaphysic'' (1854); voir Internet Encyclopedia of Philosophy, ''[https://www.iep.utm.edu/ferrier/ James Frederick Ferrier (1808—1864)]''</ref>|<small>Le terme a été inventé par le philosophe écossais [[Wpen:James Frederick Ferrier|James Frederick Ferrier]], dans son ''Institutes of Metaphysic'' (1854); voir Internet Encyclopedia of Philosophy, ''[https://www.iep.utm.edu/ferrier/ James Frederick Ferrier (1808—1864)]</small>|}} | |||
En particulier, l’épistémologie analyse les fondements, la validité et les limites de la connaissance scientifique. Dans les pays anglophones, le terme "épistémologie" est souvent utilisé comme synonyme de théorie de la connaissance ou de gnoseologie. | |||
Le problème central de l’épistémologie, aujourd'hui comme à l'époque de Hume,{{Tooltip|<sup>[6]</sup>|<ref>[[wikipedia:David_Hume|David Hume]] (1711–1776) était un philosophe écossais.</ref>|<small>📌 David Hume, fils de l'avocat Joseph Home de Chirnside et de Katherine Falconer, fille du président du collège de justice, est né troisième dans un palais du côté nord du Lawnmarket à Édimbourg. Bien que d'origine noble, sa famille n'était pas très riche, et il reçut une portion modeste de leur patrimoine. Il modifia son nom de famille de Home à Hume en 1734, pour mieux conserver la prononciation écossaise même en Angleterre.</small>}}{{Tooltip|<sup>[7]</sup>|<ref>{{cita libro | |||
| auteur = Srivastava S | |||
| titre = Verifiability is a core principle of science | |||
| url = https://www.cambridge.org/core/journals/behavioral-and-brain-sciences/article/verifiability-is-a-core-principle-of-science/D46462A598492AFDB7AFB4975A313446# | |||
| œuvre = Behav Brain Sci | |||
| année = 2018 | |||
| éditeur = Cambridge University Press | |||
| DOI = 10.1017/S0140525X18000869 | |||
}}</ref>|<small>📌 La connaissance scientifique devrait être vérifiable. Les répliques favorisent la vérifiabilité de plusieurs manières. De la manière la plus directe, les répliques peuvent confirmer des affirmations empiriques. La recherche de répliques favorise également la diffusion des informations nécessaires à d'autres aspects de la vérification ; elle crée une connaissance méta-scientifique sur les résultats à considérer comme crédibles même en l'absence de répliques ; et elle renforce une norme plus large selon laquelle les scientifiques doivent vérifier mutuellement leur travail.</small>}} est la question de la vérifiabilité. | |||
Selon le paradoxe de Hempel, chaque exemple qui ne contredit pas une théorie la confirme. Cela est exprimé en logique propositionnelle comme : | |||
<math>A \Rightarrow B = \lnot A \lor B</math> {{Tooltip||2=Considérons l'affirmation suivante : ✅ “Si une personne a TMD, alors elle ressent une douleur orofaciale.” Nous pouvons représenter cela en logique comme <math>A \Rightarrow B = \lnot A \lor B</math>, où : 🎯<math>A</math> représente "La personne a TMD." 🎯 <math>B</math> représente "La personne ressent une douleur orofaciale." Dans ce cas, "Si une personne a TMD, alors elle ressent une douleur orofaciale" est équivalent à dire “soit la personne n'a pas de TMD (<math>\lnot A</math>), soit elle ressent une douleur orofaciale (<math>B</math>)”. 🧠 La formule est vraie dans les cas suivants : Si la personne n'a pas de TMD (<math>\lnot A</math>), l'affirmation est vraie, indépendamment de la douleur orofaciale. Si la personne a TMD (<math>A</math>) et ressent une douleur orofaciale (<math>B</math>), l'affirmation est vraie. L'affirmation est fausse seulement si la personne a TMD (<math>A</math>) mais ne ressent pas de douleur orofaciale (<math>\lnot B</math>), contredisant la condition d'implication.}} | |||
Mais aucune théorie ne peut être définitivement confirmée : un nombre infini d'expériences futures pourrait toujours la réfuter.{{Tooltip|<sup>[8]</sup>|<ref>{{cita libro | |||
| auteur = Evans M | |||
| titre = Measuring statistical evidence using relative belief | |||
| url = https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/26925207 | |||
| œuvre = Comput Struct Biotechnol J | |||
| année = 2016 | |||
| DOI = 10.1016/j.csbj.2015.12.001 | |||
}}</ref>|<small>📌 Une question fondamentale dans la théorie de l'inférence statistique concerne la manière dont on devrait mesurer l’évidence statistique. Certes, des termes comme “évidence statistique” ou simplement “évidence” sont largement utilisés dans les contextes statistiques. Cependant, il est correct de dire qu'une caractérisation précise de ce concept reste quelque peu insaisissable. Notre objectif ici est de fournir une définition de la manière de mesurer l’évidence statistique en relation avec un problème statistique spécifique. Puisque l’évidence est ce qui provoque le changement des croyances, il est proposé de mesurer l’évidence en fonction de l'ampleur du changement des croyances, du moment a priori au moment a posteriori. 🧠 Par conséquent, notre définition implique l'existence de croyances préexistantes, ce qui soulève des questions relatives à la subjectivité et à l'objectivité dans les analyses statistiques. Cet aspect est abordé par un principe qui exige la falsifiabilité de chaque élément impliqué dans l’analyse statistique. Ces considérations conduisent à la nécessité de vérifier d'éventuels conflits entre les croyances a priori et les données observées, et de mesurer le biais a priori présent dans une distribution initiale</small>|}} | |||
{{qnq|Mais ce n'est pas si évident...}} | |||
=== '''P-value''' === | |||
En médecine, nous nous appuyons souvent sur l'inférence statistique pour valider les résultats expérimentaux. L'un des outils les plus connus est la 'P-value', ou valeur de probabilité, un indicateur utilisé dans les tests de significativité.{{Tooltip||2=Le P-value représente la probabilité que les résultats observés soient dus au hasard, en supposant vraie l'hypothèse nulle <math> H_0 </math>. Il ne devrait pas être utilisé comme critère binaire (par ex., <math> p < 0.05 </math>) pour les décisions scientifiques, car les valeurs proches du seuil nécessitent des vérifications supplémentaires, comme la validation croisée. Le ''P-hacking'' (répéter des tests pour obtenir une significativité) augmente les faux positifs. Des conceptions expérimentales rigoureuses et la transparence sur tous les tests effectués peuvent atténuer ce risque. L’erreur de type I augmente avec les tests multiples : pour <math> N </math> tests indépendants à seuil <math> \alpha </math>, le Family-Wise Error Rate (FWER) est <math> FWER = 1 - (1 - \alpha)^N </math>. La correction de Bonferroni divise le seuil par <math>N</math>, <math>p < \frac{\alpha}{N}</math>, mais peut augmenter les faux négatifs. Le False Discovery Rate (FDR) de Benjamini-Hochberg permet plus de découvertes avec une proportion acceptable de faux positifs. L’approche bayésienne utilise des connaissances antérieures pour équilibrer prior et données avec une distribution postérieure, offrant une alternative valable au P-value. Pour combiner les P-value de plusieurs études, la méta-analyse utilise des méthodes comme celle de Fisher : <math> \chi^2 = -2 \sum \ln(p_i) </math>. 🧠 En résumé, le p-value reste utile s'il est contextualisé et intégré avec d'autres mesures, comme les intervalles de confiance et les approches bayésiennes.}} | |||
Cependant, même le P-value, pendant des années critère fondamental dans la médecine basée sur les preuves, fait aujourd'hui l'objet d'une profonde révision. En 2019, une campagne publiée dans "Nature", signée par plus de 800 scientifiques, a remis en question l'utilisation rigide de la significativité statistique.{{Tooltip|<sup>[9]</sup>|<ref>{{cita libro | |||
| auteur = Amrhein V | |||
| auteur2 = Greenland S | |||
| auteur3 = McShane B | |||
| titre = Scientists rise up against statistical significance | |||
| url = https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/30894741 | |||
| œuvre = Nature | |||
| année = 2019 | |||
| DOI = 10.1038/d41586-019-00857-9 | |||
}}</ref>|<small>📌 Dans l'édition de mars de Nature, plus de 800 scientifiques ont signé un commentaire demandant le retrait du terme “significativité statistique” [1]. Les principaux arguments des auteurs concernent le fait que la littérature scientifique est pleine d'interprétations erronées et potentiellement nuisibles d'associations basées sur une classification arbitraire et binaire, fondée sur une valeur de p de 0,05. Les auteurs illustrent les critiques de cette approche, fournissant des exemples concrets où elle a conduit à des conclusions erronées au sein et entre différentes études. 🧠 De plus, en analysant 791 articles publiés dans cinq revues académiques, ils ont constaté que 51 % d'entre eux ont interprété à tort un résultat statistiquement non significatif comme une indication de l'absence d'un effet.</small>}} Cette "révolution silencieuse" dans le domaine de l'inférence statistique promeut une approche plus réfléchie, contextuelle et scientifiquement honnête. Parmi les voix les plus autorisées dans ce débat, on trouve : | |||
* Rodgers JL – qui parle d'une “révolution méthodologique silencieuse”{{Tooltip|<sup>[10]</sup>|<ref>{{cita libro|auteur=Rodgers JL|titre=The epistemology of mathematical and statistical modeling: a quiet methodological revolution|url=https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/20063905|œuvre=Am Psychol|année=2010|DOI=10.1037/a0018326}}</ref>|<small>📌 Au cours des dernières décennies, une révolution méthodologique silencieuse s'est produite, presque sans discussion : une révolution de la modélisation. En revanche, le XXe siècle s'est terminé par des débats animés sur l'utilité du test de significativité de l'hypothèse nulle (NHST). Cependant, cette controverse pourrait avoir été au moins en partie hors de propos, car de diverses manières, la révolution de la modélisation a rendu le débat sur le NHST superflu. Je commence par présenter une histoire du NHST et de la modélisation, et des relations entre les deux. Ensuite, je définis et illustre les principes qui guident le développement et l'évaluation des modèles mathématiques. Suit une discussion sur la différence entre l'utilisation de procédures statistiques dans un cadre basé sur des règles et la construction de modèles mathématiques dans une épistémologie scientifique. 🧠 Dans la formation post-universitaire en psychologie, seul le premier approche, basé sur les règles, est traité avec attention. Les implications pédagogiques de ce déséquilibre et la nécessité d'un enseignement révisé pour tenir compte de la révolution de la modélisation sont ensuite décrites. Enfin, il est discuté de la manière dont l'attention à la modélisation entraîne une évolution de la pratique statistique dans des directions plus progressistes. La base épistémologique de la statistique s'est déplacée : d'un ensemble de procédures appliquées de manière mécanique à la construction et à l'évaluation de modèles statistiques et scientifiques.</small>|}} | |||
* Meehl P – qui suggère de remplacer les tests de significativité par des 'intervalles de confiance' et des 'prédictions numériques vérifiables'{{Tooltip|<sup>[11]</sup>|<ref>{{cita libro | |||
| auteur = Meehl P | |||
| titre = The problem is epistemology, not statistics: replace significance tests by confidence intervals and quantify accuracy of risky numerical predictions | |||
| année = 1997}}</ref>|<small>📌 Les tests de significativité ont un rôle dans la recherche en sciences sociales, mais leur utilisation généralisée dans l'évaluation des théories est souvent nuisible. La cause de cela ne réside pas dans les mathématiques elles-mêmes, mais dans la mauvaise compréhension, par les scientifiques sociaux, de la relation logique entre théorie et faits, c'est-à-dire dans un manque de clarté méthodologique ou épistémologique.🧭 Les théories impliquent des observations, mais l'inverse n'est pas vrai. Bien que le succès d'une théorie à dériver un fait tende à la corroborer, cette confirmation est faible à moins que le fait n'ait une probabilité a priori très faible et qu'il y ait peu de théories alternatives plausibles. 🧭 La détection d'une différence ou corrélation différente de zéro — comme c'est le cas en rejetant l'hypothèse nulle — n'a généralement pas une probabilité a priori très faible, car en sciences sociales, pratiquement tout est corrélé avec tout le reste, indépendamment de la théorie. 🎯 Dans l'utilisation "forte" des tests de significativité, la théorie prédit une valeur numérique ponctuelle, ou un intervalle très restreint, de sorte que le test met la théorie face à un risque sérieux de falsification si elle était objectivement incorrecte. En général, il est préférable de construire un intervalle de confiance, qui fournit des informations plus riches et implique tout de même la réfutation de l'hypothèse nulle si une différence tombe en dehors de l'intervalle. 🧠 Les tests de significativité sont généralement plus justifiables dans des contextes technologiques (par exemple dans l'évaluation d'une intervention) que dans l'évaluation des théories. Il serait utile de disposer d'un indice quantitatif mesurant à quel point une théorie parvient à prévoir un fait risqué, et un exemple de tel indice est proposé. Contrairement aux pratiques actuelles les plus répandues, les manuels et les cours de statistique devraient clarifier et souligner le grand fossé sémantique (logique) qui sépare une théorie substantielle (causale, compositionnelle) d'une hypothèse statistique.</small>|}} | |||
* Sprenger & Hartmann – promoteurs de la 'philosophie bayésienne de la science'{{Tooltip|<sup>[12]</sup>|<ref>{{cita libro | |||
| auteur = Sprenger J | |||
| auteur2 = Hartmann S | |||
| titre = Bayesian Philosophy of Science. Variations on a Theme by the Reverend Thomas Bayes | |||
| année = 2019 | |||
| éditeur = Oxford University Press | |||
}}</ref>|<small>📌 Comment devrions-nous raisonner en science ? Jan Sprenger et Stephan Hartmann offrent une vision innovante sur des thèmes classiques de la philosophie de la science, utilisant un concept clé unique pour expliquer et clarifier de nombreux aspects du raisonnement scientifique. 🧭 Ils proposent que de bons arguments et de bonnes inférences soient caractérisés par leur effet sur nos degrés rationnels de croyance. 🧠 Contrairement à la vision selon laquelle il n'y aurait pas de place pour des attitudes subjectives dans la "science objective", Sprenger et Hartmann expliquent la valeur des preuves convaincantes à travers un cycle de variations sur le thème de la représentation des degrés rationnels de croyance par des probabilités subjectives (et de leur modification par la conditionnalisation bayésienne). Ce faisant, ils intègrent l'inférence bayésienne — la principale théorie de la rationalité dans les sciences sociales — avec la pratique scientifique du XXIe siècle. Bayesian Philosophy of Science montre ainsi comment modéliser de telles attitudes améliore notre compréhension des causes, des explications, des preuves confirmatives et des modèles scientifiques en général. Leur approche combine une perspective scientifiquement orientée et mathématiquement raffinée avec l'analyse conceptuelle et une attention particulière aux problèmes méthodologiques de la science moderne, en particulier dans l'inférence statistique, ce qui en fait une ressource précieuse tant pour les philosophes que pour les praticiens de la science.</small>}} | |||
L' 'American Statistical Association' a soutenu ce changement en publiant un numéro spécial de la revue 'The American Statistician', intitulé “Statistical Inference in the 21st Century: A World Beyond p < 0.05”.{{Tooltip|<sup>[13]</sup>|<ref name="wasser">{{cita libro | |||
| auteur = Wasserstein RL | |||
| auteur2 = Schirm AL | |||
| auteur3 = Lazar NA | |||
| titre = Moving to a World Beyond ''p'' < 0.05 | |||
| url = https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/00031305.2019.1583913 | |||
| œuvre = Am Stat | |||
| année = 2019 | |||
| DOI = 10.1080/00031305.2019.1583913 | |||
}}</ref>|<small>🧠 Certains d'entre vous, explorant ce numéro spécial de The American Statistician, pourraient se demander s'il s'agit d'une leçon de morale de la part de statisticiens pédants cherchant à vous dire quoi ne pas faire avec les p-value, sans toutefois offrir de réelles solutions au difficile problème de séparer le signal du bruit dans les données et de prendre des décisions en conditions d'incertitude. Ne vous inquiétez pas. Dans ce numéro, grâce à 43 articles innovants et stimulants écrits par des statisticiens visionnaires, l'aide dont nous avons besoin arrive.</small>|}} Le volume propose de nouvelles modalités de représentation de l'incertitude et invite à dépasser la dépendance au P-value comme unique métrique de la vérité scientifique. | |||
==Interdisciplinarité== | |||
Une vision superficielle pourrait suggérer un conflit entre la rigidité disciplinaire du ''<nowiki/>'Paradigme Physique de la Science''<nowiki/>' {{Tooltip||2=Le "Paradigme Physique de la Science" décrit une approche épistémologique prédominante dans les sciences physiques, centrée sur des modèles déterministes et des méthodologies expérimentales rigoureuses. Ce paradigme repose sur des observations empiriques et sur la méthode scientifique pour rechercher des lois universelles qui gouvernent les phénomènes naturels.''' Caractéristiques clés'''1. Déterminisme : Suppose que les phénomènes naturels suivent des lois fixes, permettant des prévisions précises basées sur des conditions initiales. 2. ''Mesurabilité et reproductibilité'': Met l'accent sur des mesures quantitatives et des expériences reproductibles pour confirmer les résultats dans différents contextes. 3. ''Isolement des variables'': Se concentre sur l'analyse d'effets spécifiques en isolant les variables, souvent en idéalisant des systèmes dans des conditions contrôlées. Bien qu'efficace dans les sciences naturelles classiques, le paradigme physique a des limites dans des domaines complexes comme la neurophysiologie, où les interactions dynamiques et la variabilité défient les modèles déterministes. '''Application en Neurophysiologie Masticatoire''': En neurophysiologie masticatoire, le paradigme physique aide à développer des modèles de base, mais ne parvient pas à expliquer les comportements émergents, comme le recrutement des unités motrices en réponse à des stimuli complexes. '''Vers un Paradigme Intégré''': Un "Paradigme Ingénierie de la Science" émerge, offrant une approche plus adaptative qui prend en compte la complexité, permettant des modèles prédictifs plus flexibles qui tiennent compte des interactions non linéaires dans les systèmes biologiques}} et l’ouverture systémique du Paradigme Ingénierie de la Science {{Tooltip||2=Le '''Paradigme Ingénierie de la Science''' met l'accent sur les applications pratiques, la collaboration interdisciplinaire et la compréhension des systèmes complexes. Il contraste avec les modèles déterministes traditionnels, se concentrant plutôt sur la résolution de problèmes du monde réel, particulièrement dans des domaines comme la biologie, la médecine et les sciences sociales.''' Caractéristiques clés''' ''Orientation vers la Résolution de Problèmes'': Priorise les solutions aux questions complexes par rapport aux modèles purement théoriques. ''Collaboration Interdisciplinaire'': Encourage l'intégration des connaissances provenant de diverses disciplines, améliorant la compréhension par des expériences partagées. ''Focus sur les Systèmes Complexes'': Reconnaît le comportement émergent et l'interconnectivité des composants du système, reconnaissant que les résultats peuvent être imprévisibles et non linéaires. ''Processus Itératif'': Adopte une approche adaptative, affinant les modèles en fonction des données empiriques et des retours pour améliorer la réactivité.'''Intégration Technologique''': Applique des principes d'ingénierie pour améliorer la conception de la recherche et l'analyse des données, utilisant des simulations et la modélisation computationnelle. '''Application en Neurophysiologie Masticatoire''' En neurophysiologie masticatoire, ce paradigme promeut des outils diagnostiques et des approches thérapeutiques innovants. En intégrant la neurophysiologie, la biomécanique et la science des matériaux, il fournit une vision complète de la fonction et de la dysfonction de la mâchoire. Le Paradigme Ingénierie de la Science promeut la collaboration et l'innovation, conduisant finalement à des avancées qui améliorent notre compréhension des systèmes complexes et améliorent les résultats pratiques dans divers domaines.}} | |||
📘 Selon une étude européenne importante,{{Tooltip|<sup>[14]</sup>|<ref>{{cita libro | |||
| auteur = Boon M | |||
| auteur2 = Van Baalen S | |||
| titre = Epistemology for interdisciplinary research – shifting philosophical paradigms of science | |||
| url = https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC6383598/ | |||
| œuvre = Eur J Philos Sci | |||
| année = 2019 | |||
| DOI = 10.1007/s13194-018-0242-4 | |||
}}</ref>|<small> 📌 Dans les politiques scientifiques, il est généralement reconnu que la résolution de problèmes basée sur la science nécessite la recherche interdisciplinaire. 📌 Cependant, les processus épistémologiques qui conduisent à une recherche interdisciplinaire efficace sont encore peu compris. 🧭 Cet article vise à esquisser une épistémologie de la recherche interdisciplinaire (IDR), en particulier pour la résolution de problèmes du "monde réel". L'attention se concentre sur la question de savoir pourquoi les chercheurs rencontrent des difficultés cognitives et épistémiques dans la conduite d'activités interdisciplinaires. Sur la base d'une étude de la littérature éducative, il est conclu que l'enseignement supérieur manque d'idées claires sur l'épistémologie de la recherche interdisciplinaire et, par conséquent, sur la manière de l'enseigner. Il est supposé que le manque d'attention philosophique à l'épistémologie de l'IDR est dû à la prédominance d'un paradigme philosophique de la science, défini comme "paradigme physique de la science", qui empêche la reconnaissance des défis épistémologiques profonds de l'interdisciplinarité tant dans la philosophie de la science que dans l'éducation et la recherche scientifique.🧠 Un paradigme philosophique alternatif est donc proposé, défini comme "paradigme ingénierie de la science", qui implique des présuppositions différentes concernant des aspects tels que le but de la science, le caractère de la connaissance, les critères épistémiques et pragmatiques pour accepter la connaissance, et le rôle des outils technologiques. Selon ce paradigme ingénierie, la production de connaissances à des fins épistémiques devient le but de la science, et la "connaissance" (théories, modèles, lois, concepts) est interprétée comme un outil épistémique utile pour accomplir des tâches cognitives par des agents épistémiques, plutôt que comme une représentation objective d'aspects du monde indépendants des modalités de sa construction. Cela implique que la connaissance est inévitablement façonnée par la manière dont elle est construite. De plus, la manière dont les différentes disciplines scientifiques construisent la connaissance est guidée par les spécificités de la discipline elle-même, analysables à travers les perspectives disciplinaires. 🧠 Il en résulte que la connaissance et ses usages épistémiques ne peuvent être compris sans au moins une certaine compréhension de la manière dont elle est construite. Par conséquent, les chercheurs scientifiques ont besoin de soi-disant "échafaudages métacognitifs" qui les assistent dans l'analyse et la reconstruction des processus de construction de la connaissance et des différences entre les disciplines. Dans le paradigme ingénierie, ces échafaudages métacognitifs sont également interprétés comme des outils épistémiques, mais dans ce cas, des outils qui guident, habilitent et limitent l'analyse et l'articulation des processus de production de la connaissance (c'est-à-dire expliquent les aspects épistémologiques de la recherche). Dans la recherche interdisciplinaire, ces échafaudages métacognitifs assistent la communication interdisciplinaire, avec pour objectif d'analyser et d'articuler la manière dont chaque discipline construit sa propre connaissance.</small>|}} | |||
* l’interdisciplinarité nécessite : | |||
* des outils métacognitifs ("échafaudages cognitifs") | |||
* des langages communs entre disciplines différentes | |||
* des modèles épistémologiques flexibles | |||
Une autre étude propose une interprétation ingénierie de la connaissance{{Tooltip|<sup>[15]</sup>|<ref>{{cita libro | |||
| auteur = Boon M | |||
| titre = An engineering paradigm in the biomedical sciences: Knowledge as epistemic tool | |||
| url = https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/28389261 | |||
| œuvre = Prog Biophys Mol Biol | |||
| année = 2017 | |||
| DOI = 10.1016/j.pbiomolbio.2017.04.001 | |||
}}</ref>|<small>📌 Pour aborder la complexité des systèmes biologiques et tenter de générer des résultats applicables, les sciences biomédicales actuelles adoptent des concepts et des méthodes provenant des sciences de l'ingénierie. Les philosophes de la science ont interprété ce phénomène comme l'émergence d'un paradigme ingénierie, en particulier dans la biologie des systèmes et la biologie synthétique. Cet article vise à articuler le présumé paradigme ingénierie en contraste avec le paradigme physique qui a soutenu l'ascension de la biochimie et de la biologie moléculaire. Cette articulation prend son point de départ dans la notion de "matrice disciplinaire" de Kuhn, qui indique ce qui constitue un paradigme. Il est soutenu que le noyau du paradigme physique réside dans ses présuppositions métaphysiques et ontologiques, tandis que le noyau du paradigme ingénierie consiste en l'objectif épistémique de produire des connaissances utiles pour résoudre des problèmes externes à la pratique scientifique. 🧠 Par conséquent, les deux paradigmes impliquent des notions distinctes de la connaissance. Alors que le paradigme physique implique une notion représentationnelle de la connaissance, le paradigme ingénierie implique la notion de "connaissance comme outil épistémique"</small>.}} dans les contextes biomédicaux : ici la connaissance est considérée comme 'un outil actif' pour la résolution de problèmes cliniques complexes, plutôt qu'une simple représentation théorique de la réalité. | |||
==🌐 Verso l’Innovazione Paradigmatica== | |||
L’intersezione tra questi due paradigmi non solo arricchisce il metodo scientifico, ma produit des 'Innovations Paradigmatiques', c’est-à-dire de véritables sauts épistémologiques. | |||
🧬Comme le note Yegane Guven (2017) {{Tooltip|<sup>[16]</sup>|<ref>{{cita libro | |||
| autore = Guven Y | |||
| titolo = Scientific basis of dentistry | |||
| url = https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5624148/ | |||
| opera = J Istanb Univ Fac Den | |||
| anno = 2017 | |||
| DOI = 10.17096/jiufd.04646 | |||
}}</ref>|<small>📌 Ces dernières années, la dentisterie a connu une explosion d’innovations scientifiques et technologiques qui transforment profondément tant la pratique clinique que l’éducation universitaire ; réalité virtuelle, nanotechnologie, ingénierie tissulaire, médecine personnalisée et cellules souches ouvrent de nouvelles frontières pour les diagnostics et traitements, tandis que l’éducation intègre biosciences, bioinformatique et TIC, en mettant l’accent sur la recherche, la résolution de problèmes et l’approche expérientielle ; parmi les innovations les plus prometteuses : biomimétique, tests salivaires, régénération tissulaire et thérapies génétiques, avec pour objectif de déplacer la dentisterie vers un modèle régénératif et prédictif ; l’accréditation et la mise à jour des programmes restent fondamentales pour une formation en phase avec son temps</small>}} dans sa revue sur la médecine et la dentisterie numériques. l’innovation naît souvent de : | |||
* révolutions biologiques et numériques | |||
* contaminations disciplinaires | |||
* vision systémique plutôt que réductionniste | |||
Ces changements ne sont pas incrémentaux, mais 'paradigmatiques', dans le sens où ils modifient entièrement notre façon de penser, d’observer et de traiter les systèmes cliniques, tout comme la fonction masticatoire. | |||
{{q2|L'interdisciplinarité n'est pas un luxe théorique, mais une nécessité pratique dans la médecine des systèmes complexes.}} | |||
==Malocclusion Dentaire== | |||
"Malocclusion" dérive du latin 'malum' (mal) et 'occludere' (fermer), littéralement "fermeture incorrecte" des dents.{{Tooltip|<sup>[17]</sup>|<ref>https://it.wikipedia.org/wiki/Edward_Angle</ref>|<small> 📌 Considéré comme le père de l'orthodontie moderne, Angle a défini le premier système de classification des malocclusions (Classe I, Classe II, etc.), encore utilisé aujourd'hui pour décrire l'alignement et la relation des dents ; il a simplifié la conception des appareils orthodontiques, fondé la première école d'orthodontie, l'Association Américaine d'Orthodontie (devenue AAO) et la première revue orthodontique, et est l'auteur de l'œuvre fondamentale "Treatment of Malocclusion of the Teeth" (1887).</small>}} Bien que intuitif, le terme "malocclusion" implique un jugement de valeur ("mal") qui n'est pas toujours soutenu par des preuves cliniques fonctionnelles. | |||
🧪 Une recherche sur PubMed pour le mot "malocclusion" produit plus de 33 000 articles.{{Tooltip|<sup>[18]</sup>|<ref>Pubmed, ''[https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/?term=%22malocclusion%22 Malocclusion]''</ref>|<small>https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/?term=%22malocclusion%22</small>}} Cependant, en recherchant "diagnostic interdisciplinaire de la malocclusion", les résultats tombent à 245 articles {{Tooltip|<sup>[19]</sup>|<ref>Pubmed, ''[https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/?term=interdisciplinary+diagnostics+of+malocclusions Diagnostic interdisciplinaire des malocclusions]''</ref>|3=<small>https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/?term=interdisciplinary+diagnostics+of+malocclusions</small>}} tandis que si l'on ajoute 'Diagnostic Différentiel' à cette requête, le résultat chute à seulement 5 articles.{{Tooltip|<sup>[20]</sup>|<ref>https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/?term=interdisciplinary+diagnostics+of+malocclusions+AND+differential+diagnosis</ref>|<small>https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/?term=interdisciplinary+diagnostics+of+malocclusions+AND+differential+diagnosis</small>}} | |||
{{qnq|Ces données suggèrent que le concept de "malocclusion" a été surutilisé sans approfondissement fonctionnel adéquat.}} | |||
📌 Une étude de Smaglyuk et al. souligne la nécessité d'une approche diagnostique interdisciplinaire, en particulier chez les enfants{{Tooltip|<sup>[21]</sup>|<ref>{{cita libro | |||
| auteur = Smaglyuk LV | |||
| auteur2 = Voronkova HV | |||
| auteur3 = Karasiunok AY | |||
| auteur4 = Liakhovska AV | |||
| auteur5 = Solovei KO | |||
| titre = Interdisciplinary approach to diagnostics of malocclusions (review) | |||
| url = https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/31175796 | |||
| œuvre = Wiad Lek | |||
| année = 2019 | |||
}}</ref>|<small>📌 Introduction : La tâche principale de l'orthodontie moderne est de créer une occlusion équilibrée et morphologiquement stable, en harmonie avec l'esthétique faciale et l'adaptation fonctionnelle. 🧭 Le but de l'étude est d'examiner la relation entre les anomalies dento-faciales et les pathologies somatiques. Patients et méthodes : Matériaux et méthodes : Une étude bibliographique a été menée en utilisant les bases de données Medline et Google Scholar. 🧭 Revue : Le corps humain est un système biologique constitué d'éléments interconnectés et subordonnés. Toute anomalie dans le fonctionnement de ce système peut provoquer une altération fonctionnelle dans un organe unique. Ce principe s'applique pleinement aux anomalies et déformations dento-faciales, dont le développement est étroitement lié à d'autres pathologies. 🧠 Le diagnostic, la stratégie thérapeutique et la prévention des anomalies et déformations dento-faciales doivent être considérés dans le contexte de l'intégrité de l'organisme non encore formé de l'enfant, en reconnaissant l'interdépendance entre la forme et les fonctions de ses organes et systèmes.</small>}} | |||
{{q2|Le diagnostic, les stratégies thérapeutiques et la prévention des anomalies dento-faciales doivent considérer l'organisme dans son ensemble, en particulier chez les enfants en phase de développement.}} | |||
==📊 Vers les “Dysmorphismes Occlusaux”== | |||
📎 Dans Masticationpedia, on préfère parler de "Dysmorphismes occlusaux", car : | |||
- toutes les occlusions non symétriques ne sont pas pathologiques | |||
- la fonction masticatoire peut être conservée même en présence d'asymétries | |||
- il existe des adaptations neuromusculaires qui compensent les écarts | |||
👉 Cela conduit à une réflexion : 'est-il correct de traiter toutes les malocclusions ?' Pas toujours. | |||
===Caso Clinico=== | |||
Dans le cas suivant, le patient présente : | |||
* une occlusion croisée postérieure unilatérale | |||
* une béance antérieure | |||
Il serait candidat à : | |||
* un traitement orthodontique | |||
* une chirurgie orthognathique | |||
Cependant, le patient 'refuse la thérapie' en rapportant une fonction masticatoire normale. Le dentiste explique les risques à long terme, mais respecte la décision. | |||
{{qnq|Que nous dit ce cas ?}} | |||
📌 Que la fonction peut prévaloir sur la forme. Pour le comprendre, des tests électrophysiologiques ont été effectués : | |||
<gallery mode="slideshow"> | |||
File:Occlusal Centric view in open and cross bite patient.jpg|'''Figure 1a :''' Vue occlusale centrée d'un patient avec une occlusion croisée et une béance. | |||
File:Bilateral Electric Transcranial Stimulation.jpg|'''Figure 1b :''' Stimulation transcrânienne bilatérale : symétrie des masséters. | |||
File:Jaw Jerk .jpg|'''Figure 1c :''' Réflexe mandibulaire : symétrie fonctionnelle confirmée. | |||
File:Mechanic Silent Period.jpg|'''Figure 1d :''' Période silencieuse mécanique : activation bilatérale équilibrée. | |||
</gallery> | |||
🎯 Les résultats montrent une symétrie organico-fonctionnelle 'malgré la malocclusion visuelle', suggérant que la fonction neuromusculaire peut compenser les disparités morphologiques. | |||
<blockquote>''Dysmorphismes Occlusaux et non Malocclusion... qui, comme nous le verrons bientôt, est un sujet complètement différent.''</blockquote> | |||
==Discussion== | |||
La considération du système masticatoire comme un système complexe se renforce à la lumière des développements récents en neurophysiologie appliquée à l’occlusion dentaire. Des études menées sur des modèles animaux, en particulier chez les rats Sprague-Dawley, ont démontré que même des modifications occlusales minimes (ex. tronçonnage de l'incisive mandibulaire) sont capables d'induire des changements significatifs dans le cortex moteur primaire du visage (face-M1), avec des manifestations évidentes de neuroplasticité fonctionnelle et structurelle{{Tooltip|<sup>[22]</sup>|<ref>Avivi-Arber L, Lee JC, Sessle BJ. Motor cortex neuroplasticity associated with dental occlusion. J Dent Res. 2015;94(12):1751–9. doi:10.1177/0022034515596345</ref>|<small>. 🧠 La modification de l’occlusion dentaire peut influencer les fonctions orales sensori-motrices, et tous les patients ne parviennent pas à s’adapter aux traitements restaurateurs. En étudiant les rats Sprague-Dawley, on a observé la neuroplasticité du cortex moteur primaire facial (face-M1) en réponse à des coupes répétées des incisives mandibulaires, suivies de la restauration des contacts occlusaux. Les changements, cartographiés par microstimulation intracorticale (ICMS), ont montré des différences significatives entre les hémisphères cérébraux dans la latence et la distribution des zones motrices de la langue et de la mandibule. Ces résultats suggèrent que la neuroplasticité du face-M1 pourrait être un mécanisme adaptatif pour répondre aux altérations de l’occlusion dentaire.</small>}} | |||
Ces modifications corticales incluent, par exemple, la variation de la latence d’activation de la langue entre les hémisphères cérébraux, la variation du nombre de sites corticaux d’activation linguale et mandibulaire, et la modification de la profondeur du centre de gravité des zones corticales impliquées. Ces résultats suggèrent que la perte et la restauration subséquente des contacts occlusaux peuvent altérer les représentations motrices orofaciales, ouvrant la voie à de nouveaux modèles interprétatifs de la fonction masticatoire basés sur la neuroplasticité adaptative. | |||
Parallèlement, il apparaît que le cortex somatosensoriel primaire (face-SI) et le cortex moteur (face-MI) jouent un rôle central dans l’intégration sensori-motrice orofaciale, participant non seulement au déclenchement et au contrôle des mouvements volontaires (ex. ouverture mandibulaire), mais aussi à ceux semi-automatiques comme la mastication et la déglutition {{Tooltip|<sup>[23]</sup>|<ref>Avivi-Arber L, Martin R, Lee JC, Sessle BJ. The Face Sensorimotor Cortex and its Neuroplasticity in Health and Disease. J Dent Res. 2019;98(11):1184–94. doi:10.1177/0022034519865385</ref>|<small>🧠 Le cortex somatosensoriel et moteur facial régule les mouvements orofaciaux automatiques et volontaires. Leur neuroplasticité permet de s’adapter ou non aux changements oraux (comme les altérations de l’occlusion ou les prothèses), influençant la récupération des fonctions sensori-motrices et la qualité de vie, en particulier chez les patients atteints de troubles neurologiques ou de douleurs orofaciales.</small>}} | |||
Ces deux zones corticales, bien que distinctes par leur fonction, sont profondément interconnectées : le face-MI reçoit des entrées continues du face-SI, et ensemble, elles forment le soi-disant “face sensorimotor cortex”{{Tooltip|<sup>[24]</sup>|<ref>Iwata K, Sessle BJ. Neural Basis of Orofacial Functions in Health and Disease. J Dent Res. 2019;98(11):1185–1195. doi:10.1177/0022034519865372</ref>|<small>🧠 Cet article fournit un aperçu des mécanismes neuronaux impliqués dans les fonctions somatosensorielles et motrices du visage et de la bouche et, dans une moindre mesure, du pharynx et du larynx. L’attention est particulièrement portée sur la base neuronale du toucher, de la température et de la douleur orofaciale, avec une emphase spéciale sur la douleur, car elle est courante dans la peau, les dents, les muscles, les articulations et d’autres tissus de la région orofaciale, et peut provoquer des souffrances à long terme à travers divers états ou syndromes douloureux. Une attention particulière est également portée aux processus neuronaux qui régulent les nombreux réflexes et autres fonctions motrices de la zone orofaciale, en particulier ceux liés à la mastication, à la déglutition et aux fonctions neuromusculaires associées. Seuls quelques détails sont consacrés à d’autres fonctions importantes du visage et de la bouche, comme l’odorat, le goût et le langage.</small>}} Leur activité intégrée est médiée par des circuits centraux complexes, comprenant des projections cortico-bulbaires directes vers les noyaux moteurs des nerfs crâniens (principalement le noyau du trijumeau), responsables de l’activation musculaire mandibulaire. | |||
La capacité de ces zones à subir une réorganisation plastique (neuroplasticité) représente un mécanisme fondamental par lequel le système nerveux s’adapte aux modifications périphériques—comme la perte dentaire, les traumatismes, ou l’introduction de prothèses—ainsi qu’aux stimulations sensorielles et à l’apprentissage de nouvelles compétences motrices {{Tooltip|<sup>[25]</sup>|<ref>Review Prog Brain Res. 2011:188:71-82. doi: 10.1016/B978-0-444-53825-3.00010-3. Chapter 5--face sensorimotor cortex: its role and neuroplasticity in the control of orofacial movements. Barry J Sessle , PMID: 21333803 DOI: 10.1016/B978-0-444-53825-3.00010-3</ref>.|<Small>La gamme et la complexité des mouvements orofaciaux nécessitent des circuits neuronaux sophistiqués qui assurent la coordination et le contrôle de ces mouvements et leur intégration avec d’autres schémas moteurs comme ceux associés à la respiration et à la marche. Ce chapitre est dédié à Jim Lund, dont les nombreuses études ont apporté d’importantes contributions à notre connaissance du rôle du tronc cérébral et du cortex cérébral dans le contrôle moteur orofacial. Nos recherches avec microstimulation intracorticale (ICMS), blocage froid cortical et enregistrements de neurones uniques ont documenté que l’aire motrice primaire (MI) du visage et l’aire somatosensorielle primaire (SI) sont impliquées dans le contrôle non seulement des mouvements orofaciaux élémentaires et appris, mais aussi des soi-disant mouvements semi-automatiques comme la mastication et la déglutition, dont le contrôle a été largement attribué dans le passé à des mécanismes du tronc cérébral. Des études récentes ont également documenté que la neuroplasticité du cortex sensori-moteur du visage est une caractéristique des humains et des animaux entraînés dans un nouveau comportement moteur oral et qu’elle reflète des événements dynamiques et adaptatifs qui peuvent être modelés par des expériences comportementales significatives, y compris la douleur et d’autres altérations de l’environnement oral. De plus, nos résultats sur les effets perturbateurs du blocage à froid du cortex sensori-moteur facial indiquent que même le MI et le SI facial sont essentiels à l’exécution efficace d’une compétence motrice orofaciale une fois apprise. Des études futures visant à démontrer davantage ces changements, leurs mécanismes sous-jacents et leur séquence d’apparition dans le cortex sensori-moteur facial et les zones corticales associées, représentent des étapes cruciales pour la compréhension des processus intracorticaux à la base de la neuroplasticité liée à l’apprentissage et à l’adaptation motrice orale. À la lumière du rôle que les ensembles neuronaux corticaux jouent dans l’exécution, l’apprentissage et l’adaptation motrice (Nicolelis et Lebedev, 2009), ces études devraient inclure les propriétés et la plasticité des ensembles neuronaux dans différentes zones corticales corrélées, en plus d’une attention spécifique aux neurones individuels ou aux microzones efférentes au sein du MI ou du SI facial. Comme récemment observé (Martin, 2009; Sessle et al., 2007, 2009), ces approches de recherche sont également importantes pour développer des stratégies de réhabilitation améliorées pour exploiter ces mécanismes chez les humains souffrant de douleur orofaciale chronique ou de troubles sensori-moteurs.</Small>}}<blockquote>À la lumière de ces données, il est évident que les altérations de la morphologie cranio-faciale et occlusale—traditionnellement interprétées à travers des modèles biomécaniques statiques—doivent plutôt être comprises dans une optique fonctionnelle dynamique. L’évaluation clinique du patient ne peut donc pas se passer d’une intégration entre morphologie, fonction et réponse neurophysiologique. Toute "malocclusion" ne nécessite pas de traitement, tout comme toute "occlusion idéale" ne garantit pas le bien-être fonctionnel.</blockquote>En résumé, la neuroplasticité trigéminale émerge comme la clé pour comprendre l’adaptation (ou la non-adaptabilité) aux modifications occlusales. Elle doit guider à la fois le diagnostic et les stratégies thérapeutiques, inspirant des protocoles de réhabilitation véritablement personnalisés. Les traitements OrthoNeuroGnathodontiques et non seulement, en tant que fondés sur cette vision systémique, représentent le modèle clinique le plus avancé et cohérent pour relever les défis de la dentisterie moderne. | |||
== Conclusion == | |||
.🔁 Avant de conclure, il est essentiel de clarifier que le 'système masticatoire' ne peut pas être considéré comme un simple mécanisme biomécanique sans le connecter à un système de contrôle neurophysiologique qui détermine essentiellement un 'Système Complexe'. {{Tooltip|<sup>[26]</sup>|<ref>https://en.wikipedia.org/wiki/Complex_system</ref>|<small> 📌 Un système complexe est un système dynamique à multicomposants, c'est-à-dire composé de plusieurs sous-systèmes qui interagissent typiquement entre eux de manière interdépendante, décrivables analytiquement par des modèles mathématiques. Ce type de système est étudié dans le cadre de la théorie de la complexité. Il est généralement nécessaire d'adopter une approche globale, car il n'est pas possible de résoudre analytiquement tous les composants avec leurs interactions, tandis qu'il est utile de se fier à des simulations complexes sur ordinateur pour évaluer/analyser le comportement dynamique de chaque composant ainsi que les interactions réciproques, qui peuvent être décrites de manière simple, c'est-à-dire linéaire ou non linéaire (voir système dynamique). Les concepts d'auto-organisation et de comportement émergent sont typiques des systèmes complexes. L'hypothèse de système complexe englobe donc la plupart des systèmes physiques réels à plusieurs composants, par opposition aux systèmes considérés comme "simples", plus typiques de la physique classique.</small>}} | |||
🧩 Cela implique que des éléments tels que : | |||
- occlusion dentaire | |||
- articulation temporo-mandibulaire | |||
- récepteurs parodontaux | |||
- fuseaux neuromusculaires | |||
- système nerveux trijumeau central | |||
n'agissent pas isolément, segmentant le système biologique en biomécanique et neurophysiologique mais en 'synergie', produisant un "Comportement Émergent". {{Tooltip||2=La **période silencieuse massétérine** (MSP) est un exemple pertinent de comportement émergent en neurophysiologie masticatoire. Ce réflexe est activé par des coups soudains au menton, entraînant une brève cessation de l'activité électrique dans le muscle masséter, et est étroitement lié au recrutement des unités motrices. Pendant la MSP, il y a une modulation spécifique du recrutement des unités motrices, régulée par le système nerveux central, pour répondre aux stimuli externes. Dans le contexte du comportement émergent, ce réflexe n'est pas limité à un seul muscle, mais représente une réponse coordonnée impliquant des synergies entre divers centres neuronaux et muscles antagonistes. Mathématiquement, nous pouvons décrire la probabilité <math>P(R)</math> d'une réponse émergente comme fonction des variables d'entrée <math>x_1, x_2, \ldots, x_n</math> qui influencent l'activation des unités motrices : <math>P(R) = f(x_1, x_2, \ldots, x_n)</math> où <math>f</math> représente l'interaction non linéaire entre les stimuli entrants (comme le type et l'intensité du coup au menton) et les processus d'intégration centrale du système trijumeau. Ce modèle aide à comprendre comment la MSP reflète une réponse intégrée et adaptative qui émerge de circuits neurophysiologiques complexes plutôt que d'un seul chemin neuronal.}} | |||
📚 Une importante synthèse conceptuelle est représentée par l’œuvre de 'Kazem Sadegh-Zadeh', "Handbook of Analytic Philosophy of Medicine", qui décrit la médecine comme une science systémique.{{Tooltip|<sup>[27]</sup>|<ref>{{cita libro|autore=Sadegh-Zadeh Kazem|titolo=Handbook of Analytic Philosophy of Medicine|url=https: //link.springer.com/book/10.1007/978-94-007-2260-6|anno=2012|editore=Springer|ISBN=978-94-007-2259-0}}</ref>|<small>📌 La pratique médicale est une moralité pratiquée et la recherche clinique appartient à l'éthique normative. Le présent livre clarifie et développe cette thèse : 1. en analysant la structure du langage, de la connaissance et des théories médicales ; 2. en enquêtant sur les fondements de la rencontre clinique ; 3. en introduisant la logique et la méthodologie du processus décisionnel clinique ; 4. en suggérant des théories complètes sur l'organisme, la vie et la psyché ; sur la santé, la maladie et la pathologie ; sur l'étiologie, le diagnostic, le pronostic, la prévention et la thérapie ; et 5. en enquêtant sur les questions morales et métaphysiques centrales dans la pratique et la recherche médicale.</small>}} | |||
🧠 Les éléments du système masticatoire sont cohérents avec l’activité du système nerveux trijumeau central, comme le montrent les tests électrophysiologiques. Cela renforce l’idée que la "Malocclusion" est une 'catégorie heuristique insuffisante' : le terme correct est "Dysmorphisme Occlusal". | |||
{{q2|Reconnaître le système masticatoire comme "Système Complexe" n'exclut pas la validité des thérapies orthodontiques ou prothétiques, mais les enrichit, en promouvant une perspective fonctionnelle et neurophysiologique.}} | |||
🏁 Dans ce contexte, les traitements 'OrthoNeuroGnathodontiques' émergent comme paradigmes : ils intègrent esthétique, fonction et neurosciences pour atteindre : | |||
- stabilité occlusale | |||
- prévention des récidives | |||
- résilience fonctionnelle | |||
📖 Des études récentes confirment l'importance de la stabilité post-thérapie :{{Tooltip|<sup>[28]</sup>|<ref>Essam Ahmed Al-Moraissi, Larry M Wolford. Is Counterclockwise Rotation of the Maxillomandibular Complex Stable Compared With Clockwise Rotation in the Correction of Dentofacial Deformities? A Systematic Review and Meta-Analysis. J Oral Maxillofac Surg. 2016 Oct;74(10):2066.e1-12. doi:10.1016/j.joms.2016.06.001</ref>|<small><nowiki>📌 Comparer la stabilité squelettique post-chirurgicale entre la rotation antihoraire (CCWR) du complexe maxillo-mandibulaire (MMC) et la rotation horaire (CWR) du MMC pour la correction des déformations dento-faciales. Matériaux et méthodes : Pour atteindre l'objectif de l'étude, nous avons conçu et mis en œuvre une revue systématique avec méta-analyse basée sur les lignes directrices PRISMA (Preferred Reporting Items for Systematic Reviews and Meta-Analyses). Une stratégie de recherche a été développée et une recherche a été menée dans les principales bases de données – PubMed, Embase et Cochrane Central Register of Controlled Trials (CENTRAL) – pour trouver tous les articles pertinents publiés depuis le début jusqu'en mars 2016. Les critères d'inclusion étaient des essais cliniques randomisés contrôlés, des essais cliniques contrôlés, des études rétrospectives et des séries de cas, visant à comparer la stabilité post-chirurgicale de la CCWR et de la CWR du MMC. 🧪 L'analyse a été réalisée en utilisant l'analyse céphalométrique latérale des valeurs moyennes post-opératoires et la corrélation entre les variations chirurgicales et post-opératoires de l'angle du plan occlusal et les variations linéaires aux points A et B. Une analyse de la différence moyenne pondérée a été réalisée en utilisant un modèle à effets aléatoires avec des intervalles de confiance à 95 %. Résultats : Un total de 133 patients ont été recrutés à partir de 3 études (CCWR, n = 83 ; CWR, n = 50). 🧪 Toutes les études incluses présentaient un risque modéré de biais. 🧠 Il y avait une différence statistiquement significative entre la CCWR et la CWR du MMC dans les variations post-opératoires de l'angle du plan occlusal (P = 0,034), mais aucune différence statistiquement significative n'a été trouvée dans la corrélation entre les variations chirurgicales et post-opératoires de l'angle du plan occlusal dans les 2 groupes. Aucune différence statistiquement significative n'a été trouvée entre la CCWR et la CWR du MMC en ce qui concerne la stabilité entre les évaluations immédiatement après la chirurgie et le suivi le plus long, en ce qui concerne les positions verticale et horizontale aux points A et B (P > 0,05). Conclusion : La CCWR, par rapport à la CWR, pour la correction des déformations dento-faciales en l'absence de pathologies préexistantes de l'articulation temporo-mandibulaire, est squelettiquement stable par rapport aux altérations post-chirurgicales du plan occlusal, ainsi qu'aux altérations verticales et horizontales de la mâchoire et de la mandibule</nowiki></small>|}}{{Tooltip|<sup>[29]</sup>|<ref>J Hoffmannová et al.[https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/19537679/ Facteurs influençant la stabilité de l'ostéotomie sagittale du ramus mandibulaire]. Prague Med Rep. 2008;109(4):286–97.</ref>|<small>📌 La stabilité de l'ostéotomie sagittale bilatérale (BSSO) est un objectif important pour chaque chirurgien. L'article examine les facteurs influençant la stabilité du résultat chirurgical. Une attention particulière est accordée aux différents types de fixation des fragments osseux. Leurs avantages et inconvénients dans l'utilisation clinique sont discutés. 🧠 La récidive après BSSO est généralement classée comme précoce et à long terme. La récidive précoce est généralement causée par des mouvements au site de l'ostéotomie ou par un effondrement de l'articulation temporo-mandibulaire et devrait être définie comme une dislocation chirurgicale. La récidive à long terme se produit en raison de la résorption progressive du condyle de l'articulation temporo-mandibulaire, ce qui entraîne une perte de hauteur du ramus condylien et mandibulaire. Quatre types différents de fixation en chirurgie orthognathique ont été décrits : fixation intermaxillaire rigide, ostéosuture, ostéosynthèse et fixation avec des matériaux biodégradables.</small>}} | |||
📌 Ce paradigme 'ne remplace pas' les modèles classiques, mais 'les étend', créant un pont entre biomécanique, neurosciences et médecine systémique.<blockquote>{{qnq|Que voulons-nous dire par “Systèmes Complexes” lorsque nous parlons de fonctions masticatoires ?}}</blockquote> | |||
== 📌 Préambule épistémologique : le langage avant les systèmes complexes == | |||
<blockquote>Avant même d'aborder la définition des ''systèmes complexes'' en médecine, il est nécessaire de reconsidérer la manière dont nous utilisons et interprétons le langage médical, tant sur le plan sémantique que formel.</blockquote>En particulier, la structure épistémique du langage médical présente des ambiguïtés conceptuelles profondes : des concepts tels que ''maladie'', ''normalité'', ''fonction'' et ''adaptation'' sont souvent considérés comme invariants, bien qu'ils soient historiquement et culturellement déterminés. | |||
Comme le souligne '''Kazem Sadegh-Zadeh''' dans son œuvre monumentale ''Handbook of Analytic Philosophy of Medicine'', le langage de la médecine est intrinsèquement flou : beaucoup de ses définitions opèrent sur des catégories graduelles et non binaires, où l'imprécision sémantique n'est pas une limite, mais une composante structurelle du savoir clinique.{{Tooltip|<sup>[30]</sup>|<ref>{{cita libro|autore=Sadegh-Zadeh Kazem|titolo=Handbook of Analytic Philosophy of Medicine|url=https: //link.springer.com/book/10.1007/978-94-007-2260-6|anno=2012|editore=Springer|ISBN=978-94-007-2259-0}}</ref>|<small>🧠 La pratique médicale est une moralité pratiquée et la recherche clinique appartient à l'éthique normative. Le présent livre clarifie et développe cette thèse : 1. en analysant la structure du langage, de la connaissance et des théories médicales ; 2. en investiguant les fondements de la rencontre clinique ; 3. en introduisant la logique et la méthodologie du processus décisionnel clinique ; 4. en suggérant des théories complètes sur l'organisme, la vie et la psyché ; sur la santé, la maladie et la pathologie ; sur l'étiologie, le diagnostic, le pronostic, la prévention et la thérapie ; et 5. en investiguant les questions morales et métaphysiques centrales dans la pratique et la recherche médicale.</small>}} | |||
De même, '''Eric Cassell''' a montré que le concept de maladie ne peut être réduit ni à une dysfonction biologique ni à une simple déviation statistique : il est plutôt le résultat d'une négociation sémantique entre le patient, le clinicien et le contexte culturel.{{Tooltip|<sup>[31]</sup>|<ref>Cassell EJ. "The Nature of Suffering and the Goals of Medicine." ''The New England Journal of Medicine'', 1982. doi:10.1056/NEJM198203183061204.</ref>|<small>🧠 La question de la souffrance et sa relation avec les maladies organiques ont rarement été abordées dans la littérature médicale. Cet article offre une description de la nature et des causes de la souffrance chez les patients soumis à un traitement médical. Une distinction est faite, basée sur des observations cliniques, entre la souffrance et l'inconfort physique. La souffrance est expérimentée par les personnes, non seulement par les corps, et elle provient de défis qui menacent l'intégrité de la personne en tant qu'entité sociale et psychologique complexe. La souffrance peut inclure la douleur physique, mais ne s'y limite pas. Le soulagement de la souffrance et le traitement de la maladie doivent être considérés comme deux devoirs complémentaires d'une profession médicale véritablement dédiée au soin des malades. L'incapacité des médecins à comprendre la nature de la souffrance peut conduire à une intervention médicale qui (bien que techniquement adéquate) non seulement échoue à soulager la souffrance, mais devient elle-même une source de souffrance.</small>}} | |||
Enfin, le modèle biopsychosocial de '''George Engel''' propose d'interpréter chaque événement clinique au sein d'un réseau multiniveau de significations—biologiques, psychologiques, sociales et sémantiques—anticipant cette vision systémique et complexe aujourd'hui au centre de la médecine contemporaine.{{Tooltip|<sup>[32]</Sup>|<ref>Engel GL. "The need for a new medical model: a challenge for biomedicine." ''Science'', 1977;196(4286):129–136. doi:10.1126/science.847460.</ref>|<Small> Le modèle dominant de la maladie aujourd'hui est biomédical et ne laisse pas de place aux dimensions sociales, psychologiques et comportementales de la maladie. Un modèle biopsychosocial est proposé, qui fournit un modèle pour la recherche, un cadre de référence pour l'enseignement et un modèle d'intervention dans le monde réel des soins de santé.</Small>}} | |||
{{q2|Ainsi, ce n'est qu'après avoir clarifié la nature ''métalinguistique'' et ''métaconceptuelle'' des termes que nous utilisons, que nous pourrons aborder de manière cohérente et productive le défi théorique et clinique des systèmes complexes en médecine.}} | |||
</div> | |||
{{Bib}} | |||
{{apm}}[[Category:Introduzione]] | |||
<onlyinclude></onlyinclude> |
Versione attuale delle 23:01, 2 mag 2025
Présentation
![]() |
Article by: Gianni Frisardi
|
Résumé
Le système masticatoire, qui comprend les dents, l'occlusion, les muscles, les articulations et le système nerveux central et périphérique, est de plus en plus compris comme un système complexe plutôt que comme un simple mécanisme biomécanique. Ce changement de perspective s'aligne avec les phases des changements de paradigme de Thomas Kuhn, où les anomalies dans les modèles traditionnels déclenchent la recherche de nouveaux paradigmes. Dans le contexte de Masticationpedia, une nouvelle approche interdisciplinaire de la diagnostic et du traitement de la malocclusion émerge, se concentrant sur les "Dysmorphismes Occlusaux" plutôt que sur les "Malocclusions". Les récents progrès des tests électrophysiologiques, tels que les potentiels évoqués moteurs et les réflexes mandibulaires, révèlent une symétrie fonctionnelle dans le système masticatoire, même chez les patients présentant des disparités occlusales. Cette découverte remet en question la compréhension traditionnelle de la malocclusion, suggérant que les dynamiques neuromusculaires jouent un rôle crucial dans le maintien de la fonction masticatoire. Par conséquent, des diagnostics interdisciplinaires qui prennent en compte à la fois les facteurs occlusaux et neuromusculaires sont nécessaires pour un diagnostic précis et un traitement efficace.
Ce changement de paradigme a des implications pour les thérapies de réhabilitation actuelles, y compris l'orthodontie et les prothèses, qui se sont traditionnellement concentrées sur l'obtention de la stabilité occlusale. Cependant, considérer le système masticatoire comme un système complexe nécessite une approche intégrative qui incorpore à la fois des facteurs esthétiques et neurophysiologiques pour prévenir les récidives et obtenir une stabilité fonctionnelle à long terme. Le domaine émergent des traitements OrthoNeuroGnathodontiques illustre cette approche interdisciplinaire, offrant des stratégies innovantes pour aborder les troubles masticatoires.
En regardant le système masticatoire à travers le prisme de la science de la complexité, le domaine de l'odontologie peut élargir sa compréhension de la stabilité et de la dysfonction occlusale, conduisant finalement à de nouveaux paradigmes de traitement qui améliorent les résultats pour les patients. Ce nouveau modèle ne remplace pas les traitements traditionnels, mais cherche à les enrichir avec une perspective interdisciplinaire plus large, en ligne avec l'évolution de la science de la réhabilitation masticatoire.
🚀 Appel à auteurs – Libérez votre génie intellectuel !
(Cliquez pour découvrir les sujets suggérés pour publier sur Masticationpedia)
L'encyclopédie clinique dédiée à la réhabilitation masticatoire vous invite à proposer des articles sur les thèmes clés suivants pour rester fidèle à la 'Mission' philosophico-scientifique de Masticationpedia :
- système masticatoire
- nouveau paradigme
- dynamiques neuromusculaires
- récidives
- science de la complexité
- Cas cliniques complexes
👨⚕️ Si vous êtes un clinicien ou un chercheur visionnaire, commencez votre publication ici
Ab ovo [1][1]
Latino per 'sin dall'inizio'
Avant de nous plonger dans l'analyse de Masticationpedia, nous devons d'abord introduire quelques considérations préliminaires, en particulier concernant deux dimensions fondamentales—sociale et scientifique-clinique—qui caractérisent à la fois l'ère actuelle et celle immédiatement précédente.
Les phases du changement de paradigme selon Thomas Kuhn
Au cours des cent dernières années, les innovations technologiques et méthodologiques [2][2]
🧪 Étude transversale analysant les innovations dentaires des 30 dernières années, identifiant celles qui, selon les dentistes praticiens, ont le plus influencé les soins aux patients. 🧬 Trente experts de l'Association Internationale pour la Recherche Dentaire ont sélectionné les innovations les plus pertinentes, puis soumises via questionnaire à des dentistes américains diplômés avant 1995 et cliniquement actifs plus de 50 % du temps. 🧩 Les innovations les plus citées étaient les matériaux adhésifs (74,5 %), les implants dentaires (71,9 %), le collage direct (71,2 %), les loupes (54,7 %), les précautions universelles pour le contrôle des infections (48,6 %) et l'imagerie numérique (46,0 %), avec des différences entre généralistes et spécialistes : les chirurgiens oraux et parodontistes (OMSPER) ont également privilégié la CBCT (74 %) et les techniques régénératives (68 %). Le consensus général concerne l'importance des implants, de l'imagerie, des loupes et des précautions universelles ; les généralistes valorisent les matériaux adhésifs et le collage, tandis que les spécialistes citent la CBCT et l'ingénierie tissulaire. 📌 L'étude conclut que les innovations ayant un impact clinique direct sont perçues comme les plus déterminantes, suggérant que la recherche future considère également l'efficacité des coûts et la perception des patients. ont augmenté de manière exponentielle, même en odontologie. Ces développements ont eu un impact significatif sur la prise de décision clinique, les écoles de pensée et les principes fondamentaux de la discipline, avec l'objectif explicite d'améliorer la qualité de vie. Un exemple emblématique est représenté par la vision proposée dans "La Science de l'Exposition au XXIe Siècle"[3][3]
Le document Exposure Science in the 21st Century: A Vision and a Strategy (2012) de la National Academy of Sciences propose une vision renouvelée de la science de l'exposition, avec l'objectif de relever les défis émergents pour la santé humaine et environnementale. 🧠 Qu'est-ce que la science de l'exposition ? La science de l'exposition étudie le contact entre les humains ou d'autres organismes et les agents environnementaux (chimiques, physiques ou biologiques), en analysant la durée, l'intensité et les effets de ces expositions. Cette discipline est fondamentale pour comprendre comment les stress environnementaux influencent la santé et pour développer des stratégies de prévention et de mitigation. 🌐 La vision proposée : l'« éco-exposome » Le concept d'« éco-exposome » étend la science de l'exposition du point de contact entre le stress et le récepteur à l'intérieur de l'organisme et à l'environnement environnant, y compris l'écosphère. 🔬 Innovations technologiques et collaborations stratégiques: Le document met en évidence les progrès technologiques, tels que les capteurs environnementaux avancés, les méthodes analytiques, les technologies moléculaires et les outils informatiques, qui offrent de nouvelles opportunités pour recueillir des données plus précises et complètes sur les expositions. 🛠️ Mise en œuvre de la vision : Pour réaliser cette vision, il est nécessaire de : Développer des méthodes standardisées et non ciblées pour recueillir des informations sur les expositions. 🎯 Objectifs à long terme : L'objectif final est d'utiliser la science de l'exposition pour : Évaluer et atténuer rapidement les expositions aux menaces émergentes. 📌 En résumé, le document propose une transformation de la science de l'exposition, passant d'une approche focalisée sur des stress individuels à une vision intégrée et holistique, pour relever les défis environnementaux et sanitaires du XXIe siècle.
Cependant, cette croissance accélérée n'est pas sans effets secondaires conceptuels. Certains de ces effets peuvent sembler ambigus, voire contraires au progrès apparent, et génèrent des paradoxes cliniques et scientifiques.[4][4]
Les anticorps monoclonaux (MAbs) ont inauguré une nouvelle ère de thérapies ciblées, en particulier dans les domaines de l'immunothérapie et de l'oncologie. Les MAbs ont été développés à partir d'anticorps murins jusqu'à des anticorps entièrement humains, avec des améliorations significatives en termes d'immunogénicité et de sécurité. Cependant, la sécurité de ces agents fait l'objet d'une attention particulière, avec des rapports d'effets secondaires associés à leur utilisation. Ces effets secondaires ont ébranlé la confiance de nombreux chercheurs envers les MAbs. 🧠 Cette revue résume de manière exhaustive les effets secondaires des MAbs en usage clinique, mettant en évidence la prévention et la gestion des réactions indésirables. Bien que de nombreux MAbs soient bien tolérés, et malgré le développement continu de nouveaux MAbs, il est difficile de garantir que chaque nouvelle formulation soit complètement sûre. L'utilisation clinique des MAbs devra faire face à des défis de plus en plus importants à l'avenir. Les médecins devraient être vigilants face aux effets secondaires potentiellement mortels et les traiter dès que possible.
Ces ambiguïtés, au lieu d'affaiblir l'ensemble de l'édifice épistémologique, sont le symptôme d'un système mature, capable de reconnaître ses propres limites et de chercher une évolution de paradigme, comme décrit par Thomas Kuhn dans sa célèbre théorie sur le développement de la science.
Les phases de Kuhn en Odontologie
Thomas Kuhn identifie cinq phases distinctes dans l’évolution d’un paradigme scientifique. Dans Masticationpedia, nous nous concentrerons sur les trois plus pertinentes, qui s’adaptent le mieux à l’évolution de la science réhabilitative masticatoire.
|
|
|
Épistémologie
Épistémologie (du grec ἐπιστήμη, epistēmē, “connaissance certaine” ou “science”, et λόγος, logos, “discours”) est la branche de la philosophie qui étudie les conditions nécessaires pour acquérir des connaissances scientifiques et les méthodes par lesquelles elles sont atteintes.[5][5]
Le terme a été inventé par le philosophe écossais James Frederick Ferrier, dans son Institutes of Metaphysic (1854); voir Internet Encyclopedia of Philosophy, James Frederick Ferrier (1808—1864)
En particulier, l’épistémologie analyse les fondements, la validité et les limites de la connaissance scientifique. Dans les pays anglophones, le terme "épistémologie" est souvent utilisé comme synonyme de théorie de la connaissance ou de gnoseologie.
Le problème central de l’épistémologie, aujourd'hui comme à l'époque de Hume,[6][6]
📌 David Hume, fils de l'avocat Joseph Home de Chirnside et de Katherine Falconer, fille du président du collège de justice, est né troisième dans un palais du côté nord du Lawnmarket à Édimbourg. Bien que d'origine noble, sa famille n'était pas très riche, et il reçut une portion modeste de leur patrimoine. Il modifia son nom de famille de Home à Hume en 1734, pour mieux conserver la prononciation écossaise même en Angleterre.[7][7]
📌 La connaissance scientifique devrait être vérifiable. Les répliques favorisent la vérifiabilité de plusieurs manières. De la manière la plus directe, les répliques peuvent confirmer des affirmations empiriques. La recherche de répliques favorise également la diffusion des informations nécessaires à d'autres aspects de la vérification ; elle crée une connaissance méta-scientifique sur les résultats à considérer comme crédibles même en l'absence de répliques ; et elle renforce une norme plus large selon laquelle les scientifiques doivent vérifier mutuellement leur travail. est la question de la vérifiabilité.
Selon le paradoxe de Hempel, chaque exemple qui ne contredit pas une théorie la confirme. Cela est exprimé en logique propositionnelle comme :
Considérons l'affirmation suivante : ✅ “Si une personne a TMD, alors elle ressent une douleur orofaciale.” Nous pouvons représenter cela en logique comme , où : 🎯 représente "La personne a TMD." 🎯 représente "La personne ressent une douleur orofaciale." Dans ce cas, "Si une personne a TMD, alors elle ressent une douleur orofaciale" est équivalent à dire “soit la personne n'a pas de TMD (), soit elle ressent une douleur orofaciale ()”. 🧠 La formule est vraie dans les cas suivants : Si la personne n'a pas de TMD (), l'affirmation est vraie, indépendamment de la douleur orofaciale. Si la personne a TMD () et ressent une douleur orofaciale (), l'affirmation est vraie. L'affirmation est fausse seulement si la personne a TMD () mais ne ressent pas de douleur orofaciale (), contredisant la condition d'implication.
Mais aucune théorie ne peut être définitivement confirmée : un nombre infini d'expériences futures pourrait toujours la réfuter.[8][8]
📌 Une question fondamentale dans la théorie de l'inférence statistique concerne la manière dont on devrait mesurer l’évidence statistique. Certes, des termes comme “évidence statistique” ou simplement “évidence” sont largement utilisés dans les contextes statistiques. Cependant, il est correct de dire qu'une caractérisation précise de ce concept reste quelque peu insaisissable. Notre objectif ici est de fournir une définition de la manière de mesurer l’évidence statistique en relation avec un problème statistique spécifique. Puisque l’évidence est ce qui provoque le changement des croyances, il est proposé de mesurer l’évidence en fonction de l'ampleur du changement des croyances, du moment a priori au moment a posteriori. 🧠 Par conséquent, notre définition implique l'existence de croyances préexistantes, ce qui soulève des questions relatives à la subjectivité et à l'objectivité dans les analyses statistiques. Cet aspect est abordé par un principe qui exige la falsifiabilité de chaque élément impliqué dans l’analyse statistique. Ces considérations conduisent à la nécessité de vérifier d'éventuels conflits entre les croyances a priori et les données observées, et de mesurer le biais a priori présent dans une distribution initiale
Mais ce n'est pas si évident... |
P-value
En médecine, nous nous appuyons souvent sur l'inférence statistique pour valider les résultats expérimentaux. L'un des outils les plus connus est la 'P-value', ou valeur de probabilité, un indicateur utilisé dans les tests de significativité. Le P-value représente la probabilité que les résultats observés soient dus au hasard, en supposant vraie l'hypothèse nulle . Il ne devrait pas être utilisé comme critère binaire (par ex., ) pour les décisions scientifiques, car les valeurs proches du seuil nécessitent des vérifications supplémentaires, comme la validation croisée. Le P-hacking (répéter des tests pour obtenir une significativité) augmente les faux positifs. Des conceptions expérimentales rigoureuses et la transparence sur tous les tests effectués peuvent atténuer ce risque. L’erreur de type I augmente avec les tests multiples : pour tests indépendants à seuil , le Family-Wise Error Rate (FWER) est . La correction de Bonferroni divise le seuil par , , mais peut augmenter les faux négatifs. Le False Discovery Rate (FDR) de Benjamini-Hochberg permet plus de découvertes avec une proportion acceptable de faux positifs. L’approche bayésienne utilise des connaissances antérieures pour équilibrer prior et données avec une distribution postérieure, offrant une alternative valable au P-value. Pour combiner les P-value de plusieurs études, la méta-analyse utilise des méthodes comme celle de Fisher : . 🧠 En résumé, le p-value reste utile s'il est contextualisé et intégré avec d'autres mesures, comme les intervalles de confiance et les approches bayésiennes.
Cependant, même le P-value, pendant des années critère fondamental dans la médecine basée sur les preuves, fait aujourd'hui l'objet d'une profonde révision. En 2019, une campagne publiée dans "Nature", signée par plus de 800 scientifiques, a remis en question l'utilisation rigide de la significativité statistique.[9][9]
📌 Dans l'édition de mars de Nature, plus de 800 scientifiques ont signé un commentaire demandant le retrait du terme “significativité statistique” [1]. Les principaux arguments des auteurs concernent le fait que la littérature scientifique est pleine d'interprétations erronées et potentiellement nuisibles d'associations basées sur une classification arbitraire et binaire, fondée sur une valeur de p de 0,05. Les auteurs illustrent les critiques de cette approche, fournissant des exemples concrets où elle a conduit à des conclusions erronées au sein et entre différentes études. 🧠 De plus, en analysant 791 articles publiés dans cinq revues académiques, ils ont constaté que 51 % d'entre eux ont interprété à tort un résultat statistiquement non significatif comme une indication de l'absence d'un effet. Cette "révolution silencieuse" dans le domaine de l'inférence statistique promeut une approche plus réfléchie, contextuelle et scientifiquement honnête. Parmi les voix les plus autorisées dans ce débat, on trouve :
- Rodgers JL – qui parle d'une “révolution méthodologique silencieuse”[10][10]
📌 Au cours des dernières décennies, une révolution méthodologique silencieuse s'est produite, presque sans discussion : une révolution de la modélisation. En revanche, le XXe siècle s'est terminé par des débats animés sur l'utilité du test de significativité de l'hypothèse nulle (NHST). Cependant, cette controverse pourrait avoir été au moins en partie hors de propos, car de diverses manières, la révolution de la modélisation a rendu le débat sur le NHST superflu. Je commence par présenter une histoire du NHST et de la modélisation, et des relations entre les deux. Ensuite, je définis et illustre les principes qui guident le développement et l'évaluation des modèles mathématiques. Suit une discussion sur la différence entre l'utilisation de procédures statistiques dans un cadre basé sur des règles et la construction de modèles mathématiques dans une épistémologie scientifique. 🧠 Dans la formation post-universitaire en psychologie, seul le premier approche, basé sur les règles, est traité avec attention. Les implications pédagogiques de ce déséquilibre et la nécessité d'un enseignement révisé pour tenir compte de la révolution de la modélisation sont ensuite décrites. Enfin, il est discuté de la manière dont l'attention à la modélisation entraîne une évolution de la pratique statistique dans des directions plus progressistes. La base épistémologique de la statistique s'est déplacée : d'un ensemble de procédures appliquées de manière mécanique à la construction et à l'évaluation de modèles statistiques et scientifiques.
- Meehl P – qui suggère de remplacer les tests de significativité par des 'intervalles de confiance' et des 'prédictions numériques vérifiables'[11][11]
📌 Les tests de significativité ont un rôle dans la recherche en sciences sociales, mais leur utilisation généralisée dans l'évaluation des théories est souvent nuisible. La cause de cela ne réside pas dans les mathématiques elles-mêmes, mais dans la mauvaise compréhension, par les scientifiques sociaux, de la relation logique entre théorie et faits, c'est-à-dire dans un manque de clarté méthodologique ou épistémologique.🧭 Les théories impliquent des observations, mais l'inverse n'est pas vrai. Bien que le succès d'une théorie à dériver un fait tende à la corroborer, cette confirmation est faible à moins que le fait n'ait une probabilité a priori très faible et qu'il y ait peu de théories alternatives plausibles. 🧭 La détection d'une différence ou corrélation différente de zéro — comme c'est le cas en rejetant l'hypothèse nulle — n'a généralement pas une probabilité a priori très faible, car en sciences sociales, pratiquement tout est corrélé avec tout le reste, indépendamment de la théorie. 🎯 Dans l'utilisation "forte" des tests de significativité, la théorie prédit une valeur numérique ponctuelle, ou un intervalle très restreint, de sorte que le test met la théorie face à un risque sérieux de falsification si elle était objectivement incorrecte. En général, il est préférable de construire un intervalle de confiance, qui fournit des informations plus riches et implique tout de même la réfutation de l'hypothèse nulle si une différence tombe en dehors de l'intervalle. 🧠 Les tests de significativité sont généralement plus justifiables dans des contextes technologiques (par exemple dans l'évaluation d'une intervention) que dans l'évaluation des théories. Il serait utile de disposer d'un indice quantitatif mesurant à quel point une théorie parvient à prévoir un fait risqué, et un exemple de tel indice est proposé. Contrairement aux pratiques actuelles les plus répandues, les manuels et les cours de statistique devraient clarifier et souligner le grand fossé sémantique (logique) qui sépare une théorie substantielle (causale, compositionnelle) d'une hypothèse statistique.
- Sprenger & Hartmann – promoteurs de la 'philosophie bayésienne de la science'[12][12]
📌 Comment devrions-nous raisonner en science ? Jan Sprenger et Stephan Hartmann offrent une vision innovante sur des thèmes classiques de la philosophie de la science, utilisant un concept clé unique pour expliquer et clarifier de nombreux aspects du raisonnement scientifique. 🧭 Ils proposent que de bons arguments et de bonnes inférences soient caractérisés par leur effet sur nos degrés rationnels de croyance. 🧠 Contrairement à la vision selon laquelle il n'y aurait pas de place pour des attitudes subjectives dans la "science objective", Sprenger et Hartmann expliquent la valeur des preuves convaincantes à travers un cycle de variations sur le thème de la représentation des degrés rationnels de croyance par des probabilités subjectives (et de leur modification par la conditionnalisation bayésienne). Ce faisant, ils intègrent l'inférence bayésienne — la principale théorie de la rationalité dans les sciences sociales — avec la pratique scientifique du XXIe siècle. Bayesian Philosophy of Science montre ainsi comment modéliser de telles attitudes améliore notre compréhension des causes, des explications, des preuves confirmatives et des modèles scientifiques en général. Leur approche combine une perspective scientifiquement orientée et mathématiquement raffinée avec l'analyse conceptuelle et une attention particulière aux problèmes méthodologiques de la science moderne, en particulier dans l'inférence statistique, ce qui en fait une ressource précieuse tant pour les philosophes que pour les praticiens de la science.
L' 'American Statistical Association' a soutenu ce changement en publiant un numéro spécial de la revue 'The American Statistician', intitulé “Statistical Inference in the 21st Century: A World Beyond p < 0.05”.[13][13]
🧠 Certains d'entre vous, explorant ce numéro spécial de The American Statistician, pourraient se demander s'il s'agit d'une leçon de morale de la part de statisticiens pédants cherchant à vous dire quoi ne pas faire avec les p-value, sans toutefois offrir de réelles solutions au difficile problème de séparer le signal du bruit dans les données et de prendre des décisions en conditions d'incertitude. Ne vous inquiétez pas. Dans ce numéro, grâce à 43 articles innovants et stimulants écrits par des statisticiens visionnaires, l'aide dont nous avons besoin arrive. Le volume propose de nouvelles modalités de représentation de l'incertitude et invite à dépasser la dépendance au P-value comme unique métrique de la vérité scientifique.
Interdisciplinarité
Une vision superficielle pourrait suggérer un conflit entre la rigidité disciplinaire du 'Paradigme Physique de la Science' Le "Paradigme Physique de la Science" décrit une approche épistémologique prédominante dans les sciences physiques, centrée sur des modèles déterministes et des méthodologies expérimentales rigoureuses. Ce paradigme repose sur des observations empiriques et sur la méthode scientifique pour rechercher des lois universelles qui gouvernent les phénomènes naturels. Caractéristiques clés1. Déterminisme : Suppose que les phénomènes naturels suivent des lois fixes, permettant des prévisions précises basées sur des conditions initiales. 2. Mesurabilité et reproductibilité: Met l'accent sur des mesures quantitatives et des expériences reproductibles pour confirmer les résultats dans différents contextes. 3. Isolement des variables: Se concentre sur l'analyse d'effets spécifiques en isolant les variables, souvent en idéalisant des systèmes dans des conditions contrôlées. Bien qu'efficace dans les sciences naturelles classiques, le paradigme physique a des limites dans des domaines complexes comme la neurophysiologie, où les interactions dynamiques et la variabilité défient les modèles déterministes. Application en Neurophysiologie Masticatoire: En neurophysiologie masticatoire, le paradigme physique aide à développer des modèles de base, mais ne parvient pas à expliquer les comportements émergents, comme le recrutement des unités motrices en réponse à des stimuli complexes. Vers un Paradigme Intégré: Un "Paradigme Ingénierie de la Science" émerge, offrant une approche plus adaptative qui prend en compte la complexité, permettant des modèles prédictifs plus flexibles qui tiennent compte des interactions non linéaires dans les systèmes biologiques et l’ouverture systémique du Paradigme Ingénierie de la Science
Le Paradigme Ingénierie de la Science met l'accent sur les applications pratiques, la collaboration interdisciplinaire et la compréhension des systèmes complexes. Il contraste avec les modèles déterministes traditionnels, se concentrant plutôt sur la résolution de problèmes du monde réel, particulièrement dans des domaines comme la biologie, la médecine et les sciences sociales. Caractéristiques clés Orientation vers la Résolution de Problèmes: Priorise les solutions aux questions complexes par rapport aux modèles purement théoriques. Collaboration Interdisciplinaire: Encourage l'intégration des connaissances provenant de diverses disciplines, améliorant la compréhension par des expériences partagées. Focus sur les Systèmes Complexes: Reconnaît le comportement émergent et l'interconnectivité des composants du système, reconnaissant que les résultats peuvent être imprévisibles et non linéaires. Processus Itératif: Adopte une approche adaptative, affinant les modèles en fonction des données empiriques et des retours pour améliorer la réactivité.Intégration Technologique: Applique des principes d'ingénierie pour améliorer la conception de la recherche et l'analyse des données, utilisant des simulations et la modélisation computationnelle. Application en Neurophysiologie Masticatoire En neurophysiologie masticatoire, ce paradigme promeut des outils diagnostiques et des approches thérapeutiques innovants. En intégrant la neurophysiologie, la biomécanique et la science des matériaux, il fournit une vision complète de la fonction et de la dysfonction de la mâchoire. Le Paradigme Ingénierie de la Science promeut la collaboration et l'innovation, conduisant finalement à des avancées qui améliorent notre compréhension des systèmes complexes et améliorent les résultats pratiques dans divers domaines.
📘 Selon une étude européenne importante,[14][14]
📌 Dans les politiques scientifiques, il est généralement reconnu que la résolution de problèmes basée sur la science nécessite la recherche interdisciplinaire. 📌 Cependant, les processus épistémologiques qui conduisent à une recherche interdisciplinaire efficace sont encore peu compris. 🧭 Cet article vise à esquisser une épistémologie de la recherche interdisciplinaire (IDR), en particulier pour la résolution de problèmes du "monde réel". L'attention se concentre sur la question de savoir pourquoi les chercheurs rencontrent des difficultés cognitives et épistémiques dans la conduite d'activités interdisciplinaires. Sur la base d'une étude de la littérature éducative, il est conclu que l'enseignement supérieur manque d'idées claires sur l'épistémologie de la recherche interdisciplinaire et, par conséquent, sur la manière de l'enseigner. Il est supposé que le manque d'attention philosophique à l'épistémologie de l'IDR est dû à la prédominance d'un paradigme philosophique de la science, défini comme "paradigme physique de la science", qui empêche la reconnaissance des défis épistémologiques profonds de l'interdisciplinarité tant dans la philosophie de la science que dans l'éducation et la recherche scientifique.🧠 Un paradigme philosophique alternatif est donc proposé, défini comme "paradigme ingénierie de la science", qui implique des présuppositions différentes concernant des aspects tels que le but de la science, le caractère de la connaissance, les critères épistémiques et pragmatiques pour accepter la connaissance, et le rôle des outils technologiques. Selon ce paradigme ingénierie, la production de connaissances à des fins épistémiques devient le but de la science, et la "connaissance" (théories, modèles, lois, concepts) est interprétée comme un outil épistémique utile pour accomplir des tâches cognitives par des agents épistémiques, plutôt que comme une représentation objective d'aspects du monde indépendants des modalités de sa construction. Cela implique que la connaissance est inévitablement façonnée par la manière dont elle est construite. De plus, la manière dont les différentes disciplines scientifiques construisent la connaissance est guidée par les spécificités de la discipline elle-même, analysables à travers les perspectives disciplinaires. 🧠 Il en résulte que la connaissance et ses usages épistémiques ne peuvent être compris sans au moins une certaine compréhension de la manière dont elle est construite. Par conséquent, les chercheurs scientifiques ont besoin de soi-disant "échafaudages métacognitifs" qui les assistent dans l'analyse et la reconstruction des processus de construction de la connaissance et des différences entre les disciplines. Dans le paradigme ingénierie, ces échafaudages métacognitifs sont également interprétés comme des outils épistémiques, mais dans ce cas, des outils qui guident, habilitent et limitent l'analyse et l'articulation des processus de production de la connaissance (c'est-à-dire expliquent les aspects épistémologiques de la recherche). Dans la recherche interdisciplinaire, ces échafaudages métacognitifs assistent la communication interdisciplinaire, avec pour objectif d'analyser et d'articuler la manière dont chaque discipline construit sa propre connaissance.
- l’interdisciplinarité nécessite :
- des outils métacognitifs ("échafaudages cognitifs")
- des langages communs entre disciplines différentes
- des modèles épistémologiques flexibles
Une autre étude propose une interprétation ingénierie de la connaissance[15][15]
📌 Pour aborder la complexité des systèmes biologiques et tenter de générer des résultats applicables, les sciences biomédicales actuelles adoptent des concepts et des méthodes provenant des sciences de l'ingénierie. Les philosophes de la science ont interprété ce phénomène comme l'émergence d'un paradigme ingénierie, en particulier dans la biologie des systèmes et la biologie synthétique. Cet article vise à articuler le présumé paradigme ingénierie en contraste avec le paradigme physique qui a soutenu l'ascension de la biochimie et de la biologie moléculaire. Cette articulation prend son point de départ dans la notion de "matrice disciplinaire" de Kuhn, qui indique ce qui constitue un paradigme. Il est soutenu que le noyau du paradigme physique réside dans ses présuppositions métaphysiques et ontologiques, tandis que le noyau du paradigme ingénierie consiste en l'objectif épistémique de produire des connaissances utiles pour résoudre des problèmes externes à la pratique scientifique. 🧠 Par conséquent, les deux paradigmes impliquent des notions distinctes de la connaissance. Alors que le paradigme physique implique une notion représentationnelle de la connaissance, le paradigme ingénierie implique la notion de "connaissance comme outil épistémique". dans les contextes biomédicaux : ici la connaissance est considérée comme 'un outil actif' pour la résolution de problèmes cliniques complexes, plutôt qu'une simple représentation théorique de la réalité.
🌐 Verso l’Innovazione Paradigmatica
L’intersezione tra questi due paradigmi non solo arricchisce il metodo scientifico, ma produit des 'Innovations Paradigmatiques', c’est-à-dire de véritables sauts épistémologiques.
🧬Comme le note Yegane Guven (2017) [16][16]
📌 Ces dernières années, la dentisterie a connu une explosion d’innovations scientifiques et technologiques qui transforment profondément tant la pratique clinique que l’éducation universitaire ; réalité virtuelle, nanotechnologie, ingénierie tissulaire, médecine personnalisée et cellules souches ouvrent de nouvelles frontières pour les diagnostics et traitements, tandis que l’éducation intègre biosciences, bioinformatique et TIC, en mettant l’accent sur la recherche, la résolution de problèmes et l’approche expérientielle ; parmi les innovations les plus prometteuses : biomimétique, tests salivaires, régénération tissulaire et thérapies génétiques, avec pour objectif de déplacer la dentisterie vers un modèle régénératif et prédictif ; l’accréditation et la mise à jour des programmes restent fondamentales pour une formation en phase avec son temps dans sa revue sur la médecine et la dentisterie numériques. l’innovation naît souvent de :
- révolutions biologiques et numériques
- contaminations disciplinaires
- vision systémique plutôt que réductionniste
Ces changements ne sont pas incrémentaux, mais 'paradigmatiques', dans le sens où ils modifient entièrement notre façon de penser, d’observer et de traiter les systèmes cliniques, tout comme la fonction masticatoire.
Malocclusion Dentaire
"Malocclusion" dérive du latin 'malum' (mal) et 'occludere' (fermer), littéralement "fermeture incorrecte" des dents.[17][17]
📌 Considéré comme le père de l'orthodontie moderne, Angle a défini le premier système de classification des malocclusions (Classe I, Classe II, etc.), encore utilisé aujourd'hui pour décrire l'alignement et la relation des dents ; il a simplifié la conception des appareils orthodontiques, fondé la première école d'orthodontie, l'Association Américaine d'Orthodontie (devenue AAO) et la première revue orthodontique, et est l'auteur de l'œuvre fondamentale "Treatment of Malocclusion of the Teeth" (1887). Bien que intuitif, le terme "malocclusion" implique un jugement de valeur ("mal") qui n'est pas toujours soutenu par des preuves cliniques fonctionnelles.
🧪 Une recherche sur PubMed pour le mot "malocclusion" produit plus de 33 000 articles.[18][18]
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/?term=%22malocclusion%22 Cependant, en recherchant "diagnostic interdisciplinaire de la malocclusion", les résultats tombent à 245 articles [19][19]
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/?term=interdisciplinary+diagnostics+of+malocclusions tandis que si l'on ajoute 'Diagnostic Différentiel' à cette requête, le résultat chute à seulement 5 articles.[20][20]
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/?term=interdisciplinary+diagnostics+of+malocclusions+AND+differential+diagnosis
Ces données suggèrent que le concept de "malocclusion" a été surutilisé sans approfondissement fonctionnel adéquat. |
📌 Une étude de Smaglyuk et al. souligne la nécessité d'une approche diagnostique interdisciplinaire, en particulier chez les enfants[21][21]
📌 Introduction : La tâche principale de l'orthodontie moderne est de créer une occlusion équilibrée et morphologiquement stable, en harmonie avec l'esthétique faciale et l'adaptation fonctionnelle. 🧭 Le but de l'étude est d'examiner la relation entre les anomalies dento-faciales et les pathologies somatiques. Patients et méthodes : Matériaux et méthodes : Une étude bibliographique a été menée en utilisant les bases de données Medline et Google Scholar. 🧭 Revue : Le corps humain est un système biologique constitué d'éléments interconnectés et subordonnés. Toute anomalie dans le fonctionnement de ce système peut provoquer une altération fonctionnelle dans un organe unique. Ce principe s'applique pleinement aux anomalies et déformations dento-faciales, dont le développement est étroitement lié à d'autres pathologies. 🧠 Le diagnostic, la stratégie thérapeutique et la prévention des anomalies et déformations dento-faciales doivent être considérés dans le contexte de l'intégrité de l'organisme non encore formé de l'enfant, en reconnaissant l'interdépendance entre la forme et les fonctions de ses organes et systèmes.
📊 Vers les “Dysmorphismes Occlusaux”
📎 Dans Masticationpedia, on préfère parler de "Dysmorphismes occlusaux", car :
- toutes les occlusions non symétriques ne sont pas pathologiques
- la fonction masticatoire peut être conservée même en présence d'asymétries
- il existe des adaptations neuromusculaires qui compensent les écarts
👉 Cela conduit à une réflexion : 'est-il correct de traiter toutes les malocclusions ?' Pas toujours.
Caso Clinico
Dans le cas suivant, le patient présente :
- une occlusion croisée postérieure unilatérale
- une béance antérieure
Il serait candidat à :
- un traitement orthodontique
- une chirurgie orthognathique
Cependant, le patient 'refuse la thérapie' en rapportant une fonction masticatoire normale. Le dentiste explique les risques à long terme, mais respecte la décision.
Que nous dit ce cas ? |
📌 Que la fonction peut prévaloir sur la forme. Pour le comprendre, des tests électrophysiologiques ont été effectués :
🎯 Les résultats montrent une symétrie organico-fonctionnelle 'malgré la malocclusion visuelle', suggérant que la fonction neuromusculaire peut compenser les disparités morphologiques.
Dysmorphismes Occlusaux et non Malocclusion... qui, comme nous le verrons bientôt, est un sujet complètement différent.
Discussion
La considération du système masticatoire comme un système complexe se renforce à la lumière des développements récents en neurophysiologie appliquée à l’occlusion dentaire. Des études menées sur des modèles animaux, en particulier chez les rats Sprague-Dawley, ont démontré que même des modifications occlusales minimes (ex. tronçonnage de l'incisive mandibulaire) sont capables d'induire des changements significatifs dans le cortex moteur primaire du visage (face-M1), avec des manifestations évidentes de neuroplasticité fonctionnelle et structurelle[22][22]
. 🧠 La modification de l’occlusion dentaire peut influencer les fonctions orales sensori-motrices, et tous les patients ne parviennent pas à s’adapter aux traitements restaurateurs. En étudiant les rats Sprague-Dawley, on a observé la neuroplasticité du cortex moteur primaire facial (face-M1) en réponse à des coupes répétées des incisives mandibulaires, suivies de la restauration des contacts occlusaux. Les changements, cartographiés par microstimulation intracorticale (ICMS), ont montré des différences significatives entre les hémisphères cérébraux dans la latence et la distribution des zones motrices de la langue et de la mandibule. Ces résultats suggèrent que la neuroplasticité du face-M1 pourrait être un mécanisme adaptatif pour répondre aux altérations de l’occlusion dentaire.
Ces modifications corticales incluent, par exemple, la variation de la latence d’activation de la langue entre les hémisphères cérébraux, la variation du nombre de sites corticaux d’activation linguale et mandibulaire, et la modification de la profondeur du centre de gravité des zones corticales impliquées. Ces résultats suggèrent que la perte et la restauration subséquente des contacts occlusaux peuvent altérer les représentations motrices orofaciales, ouvrant la voie à de nouveaux modèles interprétatifs de la fonction masticatoire basés sur la neuroplasticité adaptative.
Parallèlement, il apparaît que le cortex somatosensoriel primaire (face-SI) et le cortex moteur (face-MI) jouent un rôle central dans l’intégration sensori-motrice orofaciale, participant non seulement au déclenchement et au contrôle des mouvements volontaires (ex. ouverture mandibulaire), mais aussi à ceux semi-automatiques comme la mastication et la déglutition [23][23]
🧠 Le cortex somatosensoriel et moteur facial régule les mouvements orofaciaux automatiques et volontaires. Leur neuroplasticité permet de s’adapter ou non aux changements oraux (comme les altérations de l’occlusion ou les prothèses), influençant la récupération des fonctions sensori-motrices et la qualité de vie, en particulier chez les patients atteints de troubles neurologiques ou de douleurs orofaciales.
Ces deux zones corticales, bien que distinctes par leur fonction, sont profondément interconnectées : le face-MI reçoit des entrées continues du face-SI, et ensemble, elles forment le soi-disant “face sensorimotor cortex”[24][24]
🧠 Cet article fournit un aperçu des mécanismes neuronaux impliqués dans les fonctions somatosensorielles et motrices du visage et de la bouche et, dans une moindre mesure, du pharynx et du larynx. L’attention est particulièrement portée sur la base neuronale du toucher, de la température et de la douleur orofaciale, avec une emphase spéciale sur la douleur, car elle est courante dans la peau, les dents, les muscles, les articulations et d’autres tissus de la région orofaciale, et peut provoquer des souffrances à long terme à travers divers états ou syndromes douloureux. Une attention particulière est également portée aux processus neuronaux qui régulent les nombreux réflexes et autres fonctions motrices de la zone orofaciale, en particulier ceux liés à la mastication, à la déglutition et aux fonctions neuromusculaires associées. Seuls quelques détails sont consacrés à d’autres fonctions importantes du visage et de la bouche, comme l’odorat, le goût et le langage. Leur activité intégrée est médiée par des circuits centraux complexes, comprenant des projections cortico-bulbaires directes vers les noyaux moteurs des nerfs crâniens (principalement le noyau du trijumeau), responsables de l’activation musculaire mandibulaire.
La gamme et la complexité des mouvements orofaciaux nécessitent des circuits neuronaux sophistiqués qui assurent la coordination et le contrôle de ces mouvements et leur intégration avec d’autres schémas moteurs comme ceux associés à la respiration et à la marche. Ce chapitre est dédié à Jim Lund, dont les nombreuses études ont apporté d’importantes contributions à notre connaissance du rôle du tronc cérébral et du cortex cérébral dans le contrôle moteur orofacial. Nos recherches avec microstimulation intracorticale (ICMS), blocage froid cortical et enregistrements de neurones uniques ont documenté que l’aire motrice primaire (MI) du visage et l’aire somatosensorielle primaire (SI) sont impliquées dans le contrôle non seulement des mouvements orofaciaux élémentaires et appris, mais aussi des soi-disant mouvements semi-automatiques comme la mastication et la déglutition, dont le contrôle a été largement attribué dans le passé à des mécanismes du tronc cérébral. Des études récentes ont également documenté que la neuroplasticité du cortex sensori-moteur du visage est une caractéristique des humains et des animaux entraînés dans un nouveau comportement moteur oral et qu’elle reflète des événements dynamiques et adaptatifs qui peuvent être modelés par des expériences comportementales significatives, y compris la douleur et d’autres altérations de l’environnement oral. De plus, nos résultats sur les effets perturbateurs du blocage à froid du cortex sensori-moteur facial indiquent que même le MI et le SI facial sont essentiels à l’exécution efficace d’une compétence motrice orofaciale une fois apprise. Des études futures visant à démontrer davantage ces changements, leurs mécanismes sous-jacents et leur séquence d’apparition dans le cortex sensori-moteur facial et les zones corticales associées, représentent des étapes cruciales pour la compréhension des processus intracorticaux à la base de la neuroplasticité liée à l’apprentissage et à l’adaptation motrice orale. À la lumière du rôle que les ensembles neuronaux corticaux jouent dans l’exécution, l’apprentissage et l’adaptation motrice (Nicolelis et Lebedev, 2009), ces études devraient inclure les propriétés et la plasticité des ensembles neuronaux dans différentes zones corticales corrélées, en plus d’une attention spécifique aux neurones individuels ou aux microzones efférentes au sein du MI ou du SI facial. Comme récemment observé (Martin, 2009; Sessle et al., 2007, 2009), ces approches de recherche sont également importantes pour développer des stratégies de réhabilitation améliorées pour exploiter ces mécanismes chez les humains souffrant de douleur orofaciale chronique ou de troubles sensori-moteurs.
En résumé, la neuroplasticité trigéminale émerge comme la clé pour comprendre l’adaptation (ou la non-adaptabilité) aux modifications occlusales. Elle doit guider à la fois le diagnostic et les stratégies thérapeutiques, inspirant des protocoles de réhabilitation véritablement personnalisés. Les traitements OrthoNeuroGnathodontiques et non seulement, en tant que fondés sur cette vision systémique, représentent le modèle clinique le plus avancé et cohérent pour relever les défis de la dentisterie moderne.À la lumière de ces données, il est évident que les altérations de la morphologie cranio-faciale et occlusale—traditionnellement interprétées à travers des modèles biomécaniques statiques—doivent plutôt être comprises dans une optique fonctionnelle dynamique. L’évaluation clinique du patient ne peut donc pas se passer d’une intégration entre morphologie, fonction et réponse neurophysiologique. Toute "malocclusion" ne nécessite pas de traitement, tout comme toute "occlusion idéale" ne garantit pas le bien-être fonctionnel.
Conclusion
.🔁 Avant de conclure, il est essentiel de clarifier que le 'système masticatoire' ne peut pas être considéré comme un simple mécanisme biomécanique sans le connecter à un système de contrôle neurophysiologique qui détermine essentiellement un 'Système Complexe'. [26][26]
📌 Un système complexe est un système dynamique à multicomposants, c'est-à-dire composé de plusieurs sous-systèmes qui interagissent typiquement entre eux de manière interdépendante, décrivables analytiquement par des modèles mathématiques. Ce type de système est étudié dans le cadre de la théorie de la complexité. Il est généralement nécessaire d'adopter une approche globale, car il n'est pas possible de résoudre analytiquement tous les composants avec leurs interactions, tandis qu'il est utile de se fier à des simulations complexes sur ordinateur pour évaluer/analyser le comportement dynamique de chaque composant ainsi que les interactions réciproques, qui peuvent être décrites de manière simple, c'est-à-dire linéaire ou non linéaire (voir système dynamique). Les concepts d'auto-organisation et de comportement émergent sont typiques des systèmes complexes. L'hypothèse de système complexe englobe donc la plupart des systèmes physiques réels à plusieurs composants, par opposition aux systèmes considérés comme "simples", plus typiques de la physique classique.
🧩 Cela implique que des éléments tels que :
- occlusion dentaire
- articulation temporo-mandibulaire
- récepteurs parodontaux
- fuseaux neuromusculaires
- système nerveux trijumeau central
n'agissent pas isolément, segmentant le système biologique en biomécanique et neurophysiologique mais en 'synergie', produisant un "Comportement Émergent". La **période silencieuse massétérine** (MSP) est un exemple pertinent de comportement émergent en neurophysiologie masticatoire. Ce réflexe est activé par des coups soudains au menton, entraînant une brève cessation de l'activité électrique dans le muscle masséter, et est étroitement lié au recrutement des unités motrices. Pendant la MSP, il y a une modulation spécifique du recrutement des unités motrices, régulée par le système nerveux central, pour répondre aux stimuli externes. Dans le contexte du comportement émergent, ce réflexe n'est pas limité à un seul muscle, mais représente une réponse coordonnée impliquant des synergies entre divers centres neuronaux et muscles antagonistes. Mathématiquement, nous pouvons décrire la probabilité d'une réponse émergente comme fonction des variables d'entrée qui influencent l'activation des unités motrices : où représente l'interaction non linéaire entre les stimuli entrants (comme le type et l'intensité du coup au menton) et les processus d'intégration centrale du système trijumeau. Ce modèle aide à comprendre comment la MSP reflète une réponse intégrée et adaptative qui émerge de circuits neurophysiologiques complexes plutôt que d'un seul chemin neuronal.
📚 Une importante synthèse conceptuelle est représentée par l’œuvre de 'Kazem Sadegh-Zadeh', "Handbook of Analytic Philosophy of Medicine", qui décrit la médecine comme une science systémique.[27][27]
📌 La pratique médicale est une moralité pratiquée et la recherche clinique appartient à l'éthique normative. Le présent livre clarifie et développe cette thèse : 1. en analysant la structure du langage, de la connaissance et des théories médicales ; 2. en enquêtant sur les fondements de la rencontre clinique ; 3. en introduisant la logique et la méthodologie du processus décisionnel clinique ; 4. en suggérant des théories complètes sur l'organisme, la vie et la psyché ; sur la santé, la maladie et la pathologie ; sur l'étiologie, le diagnostic, le pronostic, la prévention et la thérapie ; et 5. en enquêtant sur les questions morales et métaphysiques centrales dans la pratique et la recherche médicale.
🧠 Les éléments du système masticatoire sont cohérents avec l’activité du système nerveux trijumeau central, comme le montrent les tests électrophysiologiques. Cela renforce l’idée que la "Malocclusion" est une 'catégorie heuristique insuffisante' : le terme correct est "Dysmorphisme Occlusal".
🏁 Dans ce contexte, les traitements 'OrthoNeuroGnathodontiques' émergent comme paradigmes : ils intègrent esthétique, fonction et neurosciences pour atteindre :
- stabilité occlusale
- prévention des récidives
- résilience fonctionnelle
📖 Des études récentes confirment l'importance de la stabilité post-thérapie :[28][28]
📌 Comparer la stabilité squelettique post-chirurgicale entre la rotation antihoraire (CCWR) du complexe maxillo-mandibulaire (MMC) et la rotation horaire (CWR) du MMC pour la correction des déformations dento-faciales. Matériaux et méthodes : Pour atteindre l'objectif de l'étude, nous avons conçu et mis en œuvre une revue systématique avec méta-analyse basée sur les lignes directrices PRISMA (Preferred Reporting Items for Systematic Reviews and Meta-Analyses). Une stratégie de recherche a été développée et une recherche a été menée dans les principales bases de données – PubMed, Embase et Cochrane Central Register of Controlled Trials (CENTRAL) – pour trouver tous les articles pertinents publiés depuis le début jusqu'en mars 2016. Les critères d'inclusion étaient des essais cliniques randomisés contrôlés, des essais cliniques contrôlés, des études rétrospectives et des séries de cas, visant à comparer la stabilité post-chirurgicale de la CCWR et de la CWR du MMC. 🧪 L'analyse a été réalisée en utilisant l'analyse céphalométrique latérale des valeurs moyennes post-opératoires et la corrélation entre les variations chirurgicales et post-opératoires de l'angle du plan occlusal et les variations linéaires aux points A et B. Une analyse de la différence moyenne pondérée a été réalisée en utilisant un modèle à effets aléatoires avec des intervalles de confiance à 95 %. Résultats : Un total de 133 patients ont été recrutés à partir de 3 études (CCWR, n = 83 ; CWR, n = 50). 🧪 Toutes les études incluses présentaient un risque modéré de biais. 🧠 Il y avait une différence statistiquement significative entre la CCWR et la CWR du MMC dans les variations post-opératoires de l'angle du plan occlusal (P = 0,034), mais aucune différence statistiquement significative n'a été trouvée dans la corrélation entre les variations chirurgicales et post-opératoires de l'angle du plan occlusal dans les 2 groupes. Aucune différence statistiquement significative n'a été trouvée entre la CCWR et la CWR du MMC en ce qui concerne la stabilité entre les évaluations immédiatement après la chirurgie et le suivi le plus long, en ce qui concerne les positions verticale et horizontale aux points A et B (P > 0,05). Conclusion : La CCWR, par rapport à la CWR, pour la correction des déformations dento-faciales en l'absence de pathologies préexistantes de l'articulation temporo-mandibulaire, est squelettiquement stable par rapport aux altérations post-chirurgicales du plan occlusal, ainsi qu'aux altérations verticales et horizontales de la mâchoire et de la mandibule[29][29]
📌 La stabilité de l'ostéotomie sagittale bilatérale (BSSO) est un objectif important pour chaque chirurgien. L'article examine les facteurs influençant la stabilité du résultat chirurgical. Une attention particulière est accordée aux différents types de fixation des fragments osseux. Leurs avantages et inconvénients dans l'utilisation clinique sont discutés. 🧠 La récidive après BSSO est généralement classée comme précoce et à long terme. La récidive précoce est généralement causée par des mouvements au site de l'ostéotomie ou par un effondrement de l'articulation temporo-mandibulaire et devrait être définie comme une dislocation chirurgicale. La récidive à long terme se produit en raison de la résorption progressive du condyle de l'articulation temporo-mandibulaire, ce qui entraîne une perte de hauteur du ramus condylien et mandibulaire. Quatre types différents de fixation en chirurgie orthognathique ont été décrits : fixation intermaxillaire rigide, ostéosuture, ostéosynthèse et fixation avec des matériaux biodégradables.
Que voulons-nous dire par “Systèmes Complexes” lorsque nous parlons de fonctions masticatoires ?
📌 Préambule épistémologique : le langage avant les systèmes complexes
En particulier, la structure épistémique du langage médical présente des ambiguïtés conceptuelles profondes : des concepts tels que maladie, normalité, fonction et adaptation sont souvent considérés comme invariants, bien qu'ils soient historiquement et culturellement déterminés.Avant même d'aborder la définition des systèmes complexes en médecine, il est nécessaire de reconsidérer la manière dont nous utilisons et interprétons le langage médical, tant sur le plan sémantique que formel.
Comme le souligne Kazem Sadegh-Zadeh dans son œuvre monumentale Handbook of Analytic Philosophy of Medicine, le langage de la médecine est intrinsèquement flou : beaucoup de ses définitions opèrent sur des catégories graduelles et non binaires, où l'imprécision sémantique n'est pas une limite, mais une composante structurelle du savoir clinique.[30][30]
🧠 La pratique médicale est une moralité pratiquée et la recherche clinique appartient à l'éthique normative. Le présent livre clarifie et développe cette thèse : 1. en analysant la structure du langage, de la connaissance et des théories médicales ; 2. en investiguant les fondements de la rencontre clinique ; 3. en introduisant la logique et la méthodologie du processus décisionnel clinique ; 4. en suggérant des théories complètes sur l'organisme, la vie et la psyché ; sur la santé, la maladie et la pathologie ; sur l'étiologie, le diagnostic, le pronostic, la prévention et la thérapie ; et 5. en investiguant les questions morales et métaphysiques centrales dans la pratique et la recherche médicale.
De même, Eric Cassell a montré que le concept de maladie ne peut être réduit ni à une dysfonction biologique ni à une simple déviation statistique : il est plutôt le résultat d'une négociation sémantique entre le patient, le clinicien et le contexte culturel.[31][31]
🧠 La question de la souffrance et sa relation avec les maladies organiques ont rarement été abordées dans la littérature médicale. Cet article offre une description de la nature et des causes de la souffrance chez les patients soumis à un traitement médical. Une distinction est faite, basée sur des observations cliniques, entre la souffrance et l'inconfort physique. La souffrance est expérimentée par les personnes, non seulement par les corps, et elle provient de défis qui menacent l'intégrité de la personne en tant qu'entité sociale et psychologique complexe. La souffrance peut inclure la douleur physique, mais ne s'y limite pas. Le soulagement de la souffrance et le traitement de la maladie doivent être considérés comme deux devoirs complémentaires d'une profession médicale véritablement dédiée au soin des malades. L'incapacité des médecins à comprendre la nature de la souffrance peut conduire à une intervention médicale qui (bien que techniquement adéquate) non seulement échoue à soulager la souffrance, mais devient elle-même une source de souffrance.
Enfin, le modèle biopsychosocial de George Engel propose d'interpréter chaque événement clinique au sein d'un réseau multiniveau de significations—biologiques, psychologiques, sociales et sémantiques—anticipant cette vision systémique et complexe aujourd'hui au centre de la médecine contemporaine.[32][32]
Le modèle dominant de la maladie aujourd'hui est biomédical et ne laisse pas de place aux dimensions sociales, psychologiques et comportementales de la maladie. Un modèle biopsychosocial est proposé, qui fournit un modèle pour la recherche, un cadre de référence pour l'enseignement et un modèle d'intervention dans le monde réel des soins de santé.
- ↑ Latino per 'sin dall'inizio'
- ↑ Heft MW, Fox CH, Duncan RP, «Assessing the Translation of Research and Innovation into Dental Practice», in JDR Clin Trans Res, 2019».
DOI:10.1177/2380084419879391 - ↑ «Exposure Science in the 21st Century. A Vision and a Strategy», National Research Council, Division on Earth and Life Studies, 2012».
ISBN: 0-309-26468-5 - ↑ Liu L, Li Y, «The unexpected side effects and safety of therapeutic monoclonal antibodies», in Drugs Today, 2014, Barcelone».
DOI:10.1358/dot.2014.50.1.2076506 - ↑ Le terme a été inventé par le philosophe écossais James Frederick Ferrier, dans son Institutes of Metaphysic (1854); voir Internet Encyclopedia of Philosophy, James Frederick Ferrier (1808—1864)
- ↑ David Hume (1711–1776) était un philosophe écossais.
- ↑ «[1]»».
DOI:10.1017/S0140525X18000869 - ↑ «[2]»».
DOI:10.1016/j.csbj.2015.12.001 - ↑ «[3]»».
DOI:10.1038/d41586-019-00857-9 - ↑ «[4]»».
DOI:10.1037/a0018326 - ↑ «'''''»».
- ↑ «'''''»».
- ↑ «[5]»».
DOI:10.1080/00031305.2019.1583913 - ↑ «[6]»».
DOI:10.1007/s13194-018-0242-4 - ↑ «[7]»».
DOI:10.1016/j.pbiomolbio.2017.04.001 - ↑ Guven Y, «Scientific basis of dentistry», in J Istanb Univ Fac Den, 2017».
DOI:10.17096/jiufd.04646 - ↑ https://it.wikipedia.org/wiki/Edward_Angle
- ↑ Pubmed, Malocclusion
- ↑ Pubmed, Diagnostic interdisciplinaire des malocclusions
- ↑ https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/?term=interdisciplinary+diagnostics+of+malocclusions+AND+differential+diagnosis
- ↑ «[8]»».
- ↑ Avivi-Arber L, Lee JC, Sessle BJ. Motor cortex neuroplasticity associated with dental occlusion. J Dent Res. 2015;94(12):1751–9. doi:10.1177/0022034515596345
- ↑ Avivi-Arber L, Martin R, Lee JC, Sessle BJ. The Face Sensorimotor Cortex and its Neuroplasticity in Health and Disease. J Dent Res. 2019;98(11):1184–94. doi:10.1177/0022034519865385
- ↑ Iwata K, Sessle BJ. Neural Basis of Orofacial Functions in Health and Disease. J Dent Res. 2019;98(11):1185–1195. doi:10.1177/0022034519865372
- ↑ Review Prog Brain Res. 2011:188:71-82. doi: 10.1016/B978-0-444-53825-3.00010-3. Chapter 5--face sensorimotor cortex: its role and neuroplasticity in the control of orofacial movements. Barry J Sessle , PMID: 21333803 DOI: 10.1016/B978-0-444-53825-3.00010-3
- ↑ https://en.wikipedia.org/wiki/Complex_system
- ↑ Sadegh-Zadeh Kazem, «[https: //link.springer.com/book/10.1007/978-94-007-2260-6 Handbook of Analytic Philosophy of Medicine]», Springer, 2012».
ISBN: 978-94-007-2259-0 - ↑ Essam Ahmed Al-Moraissi, Larry M Wolford. Is Counterclockwise Rotation of the Maxillomandibular Complex Stable Compared With Clockwise Rotation in the Correction of Dentofacial Deformities? A Systematic Review and Meta-Analysis. J Oral Maxillofac Surg. 2016 Oct;74(10):2066.e1-12. doi:10.1016/j.joms.2016.06.001
- ↑ J Hoffmannová et al.Facteurs influençant la stabilité de l'ostéotomie sagittale du ramus mandibulaire. Prague Med Rep. 2008;109(4):286–97.
- ↑ Sadegh-Zadeh Kazem, «[https: //link.springer.com/book/10.1007/978-94-007-2260-6 Handbook of Analytic Philosophy of Medicine]», Springer, 2012».
ISBN: 978-94-007-2259-0 - ↑ Cassell EJ. "The Nature of Suffering and the Goals of Medicine." The New England Journal of Medicine, 1982. doi:10.1056/NEJM198203183061204.
- ↑ Engel GL. "The need for a new medical model: a challenge for biomedicine." Science, 1977;196(4286):129–136. doi:10.1126/science.847460.